Sur les 363 millions USD d’appui du FMI reçu en avril 2020, le gouvernement a déjà utilisé 215 millions USD pour financer ses déficits budgétaires. Une autre partie de l'appui de cette institution de Bretton Woods renforce les réserves de change de la Banque centrale. Désormais, le gouvernement doit compter sur la mobilisation des recettes publiques et les émissions des Bons du Trésor pour équilibrer ses comptes, sous peine de creuser le déficit budgétaire qui culmine déjà à 176 millions USD à moins de 4 mois de la fin de l'année.
Le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Déogratias Mutombo, a indiqué, le jeudi 10 septembre au cours de la traditionnelle conférence de presse à l’issue de la 8ème réunion du Comité de politique monétaire (CPM), qu’il est exclu tout recours aux avances monétaires pour financer d’éventuels déficits budgétaires du gouvernement.
Le patron de la BCC a fait cette déclaration pour attirer l’attention du gouvernement sur le fait que l’appui du FMI de 363 millions USD, obtenu en avril 2020, tend à s’épuiser et que le Pacte de stabilité signé le 7 août engage le gouvernement à faire des dépenses sur base caisse.
« Pour les trois mois et demi qui restent, nous sommes en train d’identifier des mesures de contingence des dépenses et en même temps pour poursuivre l’effort de l’augmentation des recettes. Les régies vont nous aider à élaborer un plan de trésorerie qui tient évidemment compte des dépenses sociales de fin d’année. En conséquence, on doit bien les contingenter et avoir les recettes pour les couvrir. Donc, d’ici à la fin de l’année, il est exclu qu’on recoure aux avances de la banque centrale pour financer d’éventuels déficits. Ça c’est exclu. Le marché doit le savoir. Le public doit le savoir pour éviter des anticipations », a dit Déogratias Mutombo lors de cette conférence de presse pour montrer que la trésorerie du gouvernement sera donc très serrée en cette fin de l’année.
Il faut noter que depuis mai, les déficits du compte du Trésor sont financés par cet appui du FMI et par les emprunts effectués sur base des émissions des Bons du Trésor.
Jusqu’au 3 septembre 2020, le gouvernement a absorbé 431,9 milliards FC (215,95 millions USD) de l’appui du FMI et 393,8 milliards FC (196,9 millions USD) pour financer ses déficits budgétaires.
Avec l’épuisement progressif de l’appui budgétaire du FMI, puisque les 148 millions USD restants sont injectés dans les réserves de change de la Banque centrale, le gouvernement ne peut désormais compter que sur une mobilisation accrue des recettes par les régies financières et par les émissions des Bons du Trésor. Il ne doit pas non plus absorber les réserves de change, estimées à fin août à 809,37 millions USD, qui représentent à peine trois semaines d’importation des biens et services sur ressources propres.
Pendant les quatre premiers mois de l’année, les déficits budgétaires du gouvernement étaient financés par les emprunts effectués par des émissions des Bons du Trésor mais surtout par les avances monétaires de la Banque Centrale du Congo, c’est- à dire la planche à billet. Cette dernière pratique a causé la dépréciation de la monnaie nationale d’autant que ces avances monétaires ont créé une surliquidité du franc congolais en circulation sur le marché et, par ricochet, rogner le pouvoir d’achat des millions des Congolais, en pleine crise sanitaire de covid-19. C’est donc c’est une pratique à proscrire pour préserver la stabilité du cadre macroéconomique.
A noter qu’au 4 septembre, le compte du Trésor présente un déficit de 357 254,52 millions FC (178,627 millions USD) qu’il faudra comble avant la fin de l’année afin de mieux négocier le programme triennal avec le FMI attendu en 2021.
Amédée Mwarabu