L’appui budgétaire de 363,27 millions que vient d’accorder à la République démocratique du Congo est une bouée de sauvetage pour aider Kinshasa à faire face aux effets néfastes du covid-19 sur l’économie nationale.
Cependant, en acceptant cet appui budgétaire, le gouvernement Congolais s’est engagé de mener une gestion saine des finances publiques. Ce qui suppose que le gouvernement ne va plus au courant de cette année recourir aux avances monétaires de la Banque centrale qui sont nocives sur la stabilité du cadre macro-économique.
Lors de la traditionnelle conférence de presse à l’issue de la 4ème réunion ordinaire du Comité de politique monétaire, le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déogratias Mutombo, a prévenu le gouvernement que si le Trésor public termine l’année avec un déficit, la RDC sera éjectée du Programme avec le FMI.
« Il faut faire en sorte qu’il n’y ait plus de déficit. C’est l’engagement premier que nous avons pris devant le FMI. Le fait de nous donner cet appui budgétaire rapide, nous a remis en force dans le programme de référence avec le FMI. Nous étions déjà en train de patauger. La situation était déjà devenue difficile. On ne parvenait plus à respecter les critères, surtout le crédit net à l’Etat. Donc, si nous avons la chance de cheminer avec l’équilibre de finances publiques, à fin décembre 2020, nous pouvons déjà envisager des négociations au premier trimestre 2021 pour le programme formel du FMI qui est beaucoup plus structurel et qui va être appuyé par la facilité élargie de crédit. Elle beaucoup plus importante. Les pays qui sont en programme formel ont reçu beaucoup plus d’argent que nous. Le Nigéria va recevoir 3,4 milliards USD. Nous, c’est seulement 363 millions USD. La Côte d’Ivoire a reçu une première tranche de plus de 700 millions USD, je crois. Faisons cet effort, bien sûre ce n’est pas avec l’argent des étrangers qu’on va développer notre pays. C’est plus avec nos ressources intérieures. Ça a toujours été le crédo du FMI. Mais aujourd’hui, nous sommes en crise, nous n’allons pas mener maintenant les réformes pour améliorer la mobilisation des recettes. Mais, dès que la situation se normalise, le Programme du FMI c’est pour mobiliser davantage et avoir des ressources propres et celles des partenaires pour financer notre Plan de développement stratégique pour décoller définitivement. Donc, si nous terminons l’année avec le déficit, nous serons éjectés du Programme avec le FMI. Et ça va ternir davantage l’image de marque du pays. Nous avons intérêt à aller dans ce sens », a déclaré le gouverneur de la Banque centrale.
Le compte du Trésor a accusé des « déficits publics importants » depuis le début de cette année notamment suite à « l’expansion monétaire sur le marché de change », explique l’Institut d’émission. Cette expansion monétaire observée est le fait que le gouvernement Ilunkamba fait financer ses déficits budgétaires par la planche à billet.
Au 30 avril 2020, le solde du trésor affiche un déficit de 200,4 milliards CDF (119,002 millions USD) alors que le Trésor tablait sur un excédent de 1,4 milliard CDF (83,135 millions USD) à la fin du mois sous analyse.
« En cumul annuel, l’Etat est déficitaire de 620,3 milliards de CDF (Ndlr : 368 millions USD au taux budgétaire moyen annuel de 1684 FC le dollar) contre un excédent programmé de 34,7 milliards CDF (20,605 millions USD) aux quatre premiers mois de l’année 2020 », selon la Banque centrale.
Amédée Mwarabu