Le budget de la riposte de 135 millions USD présenté par Dr Muyembe au gouverbement est resté lettre morte. Des témoignages d'une prise en charge déficitaire des patients au covid-19 se multiplient dans les hôpitaux. C'est dans ce contexte que le pic des patients est annoncé pour la première quinzaine de mai. Mais, le gouvernement Ilunkamba fait le chiche pour accroitre les moyens financiers de la riposte contre la pandémie au coronavirus.
La République démocratique du Congo rentre dans le deuxième mois de la pandémie au coronavirus. A ce jour, le pays compte 254 cas confirmés au covid-19 dont 21 décès et 21 guéris.
Le lundi 13 avril, le secrétariat technique du Comité multisectoriel de riposte contre le covid-19 a fait l’évaluation après le premier cas détecté le 10 mars à Kinshasa.
« Arrivée tardive des patients à l’hôpital, coexistence de la comorbidité chez les patients, prise en charge insuffisante au début de la riposte », sont les trois facteurs à la base de la situation peu reluisante du covid-19 en RDC, selon l’évaluation du secrétariat technique.
Par ce constat l’équipe de riposte charge implicitement le gouvernement qui, jusque-là, n’a pas affecté davantage des moyens financiers à la riposte. Depuis le début de cette crise sanitaire l’Exécutif national n’a annoncé qu’avoir débloqué 1,8 million USD. Et depuis, plus rien n’a été ajouté à cette cagnotte.
Le Secrétariat technique, piloté par le docteur Jacques Muyembe, a présenté un budget de 135 millions USD. Le gouvernement n’a jamais donné une suite quant à ce. Ce qui est à la base notamment de l’insuffisance de la prise en charge des patients et même de suivi des contacts des malades.
Des témoignages se multiplient dans les réseaux sociaux, des patients au covid-19 qui attendent 5 jours dans les hôpitaux sans avoir des soins appropriés ou sur le retard dans l’intervention des équipes de la riposte chez les potentiels malades. Il en est de même de ces numéros verts qui sont restés non-opérationnels pendant plusieurs jours.
Pourtant, des particuliers, des opérateurs économiques ont répondu favorablement à l’appel à la solidarité lancé par le président de la République dans son discours du 24 mars avec la création du Fonds national de solidarité contre le covid-19.
Tout aussi, les partenaires extérieurs se sont manifestés. La Banque mondiale a alloué 47 millions USD. Le FMI vient d’accorder un allègement de la dette de 20 millions USD. Dans le lot des bilatéraux, les USA, la Belgique, la Chine, la France, sont venus au chevet de la RDC pour soutenir la riposte soit par des matériels médicaux et des médicaments soit par un appui aux PME.
Dans le rapport fait par le secrétariat technique le 13 avril, Dr Muyembe craint justement le pire si le gouvernement ne libère pas à temps les moyens pour anticiper la vague des malades attendus à la première et à la deuxième semaine du mois de mai prochain.
Dans son rapport sur les perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne, le FMI recommande aux gouvernements que « la priorité immédiate consiste à tout faire pour accroître les dépenses publiques de santé afin de contenir l'épidémie, quelles que soient les ressources budgétaires des pays ».
Amédée Mwarabu