Une communication catastrophique, un budget dérisoire, des moyens insuffisants de détection de la température au niveau des postes frontaliers, absence de mesures pour soutenir les entreprises et les PME, lenteur inexpliquée dans la prise des décisions pour endiguer la pandémie, aucune initiative pour chercher des financements auprès de la Banque mondiale et du FMI, le gouvernement Ilunkamba semble visiblement perdre le contrôle d’une crise sanitaire grave qui n’est qu’à ses débuts.
Jusqu’à lundi 23 mars au soir, la République démocratique du Congo enregistrait 45 cas confirmés au coronavirus dont trois décès. .
Pas d’anticipation
Avant même que des cas confirmés ne soient déclarés en province, plusieurs personnalités ont appelé le gouvernement à suspendre les vols domestiques en partance de Kinshasa vers les provinces. Les députés, les sénateurs, les organisations dont le réseau Makutano, la Fédération des entreprises du Congo, ont interpellé le gouvernement à isoler Kinshasa de provinces. Ces appels n’ont eu aucun écho du gouvernement.
Certes, une communication du président de la République est attendue ce mardi 24 mars, sans doute pour annoncer des nouvelles mesurent auxquelles ne manquerait pas celle de la suspension des vols domestiques partant de Kinshasa. Dans ce cas, ça sera alors une mesure prise en retard alors que le virus a déjà peut-être franchi les frontières de la capitale avec toutes les implications que cela suppose.
La République démocratique du Congo n’a pas les moyens de faire face à cette pandémie sur le plan médical d’autant que le dispositif sanitaire n’est pas à la hauteur. Dès lors, la stratégie du gouvernement devrait être de maximiser les moyens disponibles dans l’endiguement de cette maladie, la prévention et la sensibilisation. Ce, au regard des difficultés qu’éprouvent les pays développés face à la prise en charge des malades. La RDC est en déficit en ce qui concerne les équipements dont les respirateurs, les combinaisons médicales pour le personnel soignant, les masques et autres kits de test.
Alors que le premier contaminé a été détecté le 10 mars, le gouvernement a suspendu les vols internationaux en provenance des pays à risque neuf jours après, soit le 19 mars. Pendant qu’il y a des pays africains, comme le Tchad, qui ont pris cette mesure avant même de connaitre le premier cas de coronavirus. Sans nul doute le gouvernement va prendre la mesure de suspendre les vols domestiques mais alors nul ne sait si le virus est déjà en province avec tous ces déplacements de Kinshasa vers l'intérieur.
Un budget dérisoire
Pourtant, les provinces de la RDC accusent des défaillances notables dans le dispositif tant des prise en charge et même de prévention. Déjà, pour les cas de Lubumbashi, les tests devraient être d’abord envoyés à Kinshasa pour confirmation. Si chaque province doit envoyer des tests à Kinshasa pour attendre ensuite des résultats, comment le pays va s’en sortir de cette pandémie ?
La Chine qui est le pays qui s’en sort le mieux dans cette crise sanitaire, des mesures fortes ont été prise dès le début pour endiguer l’épidémie dans les villes où elle était déclarée. C’est ce qui a contribué à la maitrise de la maladie. En RDC, le gouvernement pointe aux abonnés absents aussi bien dans la prise des décisions que dans le décaissement des fonds nécessaires pour la riposte. Seulement 1,8 million USD ont été débloqués à ce jour pour lutter contre cette pandémie. Une preuve que l’Exécutif nationale ne mesure pas à sa juste hauteur la gravité de cette crise sanitaire.
Pas d’initiative pour solliciter l’aide internationale
Face à l’impact de la pandémie sur l’économie mondiale des institutions financières internationales ont débloqué des fonds quant à ce. Le FMI a disponibilisé 50 milliards USD dont 10 milliards à taux zéro destinés aux pays en voie de développement. La Banque mondiale a porté de 12 milliards à milliards SC les fonds destinés à soutenir les économies du monde et les emplois. Le gouvernement Ilunkamba n’a entamé aucune démarche à ce jour pour solliciter l’appui de ces institutions internationales.
Absence de mesures économiques pour les PME
Le gouvernement de la République s’est limité jusqu’ici à prendre 13 mesures, pour l’essentiel, destinées à éradiquer la propagation du coronavirus. Alors que cette crise est autant sanitaire qu’économique. Face à l’attentisme du gouvernement voire à son indifférence, la Fédération des entreprises du Congo a pris le devant, dans un mémorandum remis au Premier ministre Sylvestre Ilunkamba, en sollicitant de l’Exécutif une batterie des mesures économiques nécessaires pour limiter l’impact de la pandémie sur les activités des entreprises et des PME
Ces mesures réclamées par la FEC vont des exonérations à accordées à l’importation des produits pharmaceutiques et les matériels médicaux nécessaires à la riposte contre le coronavirus à la suspension de paiement de l’impôt sur le revenu locatif et de déguerpissement des locataires insolvables en passant par la suspension de toutes les missions de contrôle fiscal, parafiscal et économique actuellement dans les entreprises.
A tout prendre, Sylvestre Ilunga et son gouvernement sont en perte de vitesse face à cette grave pandémie du coronavirus. La RDC est un vaste pays de plus de 85 millions d’habitants mais sans structures adéquates de prise en charge sanitaire. En cas de contagion massive de ce virus dans la population, les dirigeants auront des milliers des cadavres dans leurs mains. Il est urgent que le gouvernement mette les moyens financiers nécessaires pour la prévention par la sensibilisation, le traitement de ceux qui sont déjà atteint non sans oublier le suivis de plusieurs milliers des contacts des contaminés. Tout aussi, il est indispensable de soutenir par tous les moyens possibles l’activité économique et les ménages vulnérables de cette crise sanitaire.
Amédée Mwarabu