Le compte général du trésor public vient de réaliser deux mois successifs de déficits allant au-delà de ce qui a été programmé dans les opérations financières de l’Etat.
A fin février 2020, la comptabilisation des opérations financières de l’Etat, intégrant l’amortissement de la dette, a affiché un déficit mensuel de 181,1 milliards CDF contre un déficit programmé de 47,4 milliards CDF. Selon la Banque centrale du Congo, cette situation résulte d’un faible niveau des recettes de 453,4 milliards CDF et celui de dépenses de 634,4 milliards CDF.
En cumul annuel, les opérations financières du trésor public se soldent, à fin février 2020, avec un déficit de 317,7 milliards CDF contre un déficit programmé de 108,2 milliards CDF. Selon les chiffres de la BCC, à la période correspondante de 2019, le compte du trésor a enregistré un excédent de 29,5 milliards CDF.
Il en découle que le gouvernement a recouru aux avances monétaires de la Banque centrale pour financer ses dépenses publiques. Pourtant, le FMI, dans son communiqué publié à l’issue de sa mission menée du 19 au 25 février à Kinshasa, avait fortement exhorté le gouvernement « à mettre un terme aux avances monétaires de la Banque centrale » et même de « rembourser celles déjà perçues ».
Les avances monétaires de la BCC au gouvernement résultent des émissions monétaires non programmées par l’Institut d’émission. En clair, c’est de l’argent qu’imprime la BCC juste pour financer les dépenses publiques du gouvernement créant ainsi des pressions sur le taux de change de la monnaie nationale. Tout simplement du fait que ces émissions monétaires n’ont de soubassement économique. Ce qui crée de la surliquidité de franc congolais sur le marché de change tout en entrainant la dépréciation du franc congolais par la loi de l’offre et de la demande.
Au cours de la traditionnelle conférence de presse tenue à l’issue de la deuxième réunion ordinaire du Comité de politique monétaire le vendredi 13 mars, le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déogratias Mutombo, avait exhorté le gouvernement à mobiliser suffisamment des recettes pour financer ses dépenses et surtout à contenir les dépenses en fonctions des ressources disponibles.
« Sur le plan des finances publiques, l’exécution requiert qu’un effort soutenu soit consenti pour améliorer la mobilisation des recettes de l’Etat. En même temps, pour améliorer la qualité de la dépense. Cet effort est aussi nécessaire pour nous permettre la mise en œuvre réussie du Programme de référence que nous avons signé avec le FMI. La réussite de ce Programme va donner accès au pays à la signature d’un Programme triennal qui va nous donner accès à la Facilité élargie de crédits. Nous avons demandé au Fonds monétaire que ça soit un montant important qui soit à la hauteur de nos besoins de notre balance de paiement de sorte que cela puisse avoir un effet catalytique important pour les autres financements attendus de la Banque mondiale, de la BAD de l’Union européenne, pour nous permettre de financer de manière efficace notre développement stratégique. C’est très important. La seule contrainte des finances publiques, nous devons avoir un crédit net de l’Etat conformément aux exigences du Programme de référence pour nous permettre de signer ce programme de moyen terme. Des efforts sont en train d’être consentis. Que cela se réalise le plus tôt possible », a dit Déogratias Mutombo.
A fin février 2020, les dépenses courantes ont représenté 87,6% du total et ont été exécutée en dépassement de 4,4% de leur programmation, selon les données de la BCC.
Visiblement, le gouvernement Ilunkamba a des difficultés pour réaliser son programme surtout que les dépenses effectuées sont principalement des dépenses courantes pour lesquelles les régies financières ne parviennent pas à mobiliser suffisamment des recettes pour les éponger.
Amédée Mwarabu