L’économie Congolais dépend depuis l’époque coloniale de l’extraction des matières premières : le cuivre, le cobalt, le coltan, le pétrole, etc. Et depuis près de 60 ans d’indépendance, aucun gouvernement n’a pas changé ce modèle économique centré sur l’exploitation des matières premières du sol et du sous-sol alors que la RDC est à vocation agricole.
Cette situation expose la République démocratique du Congo aux chocs exogènes et la rend dépendante du bon comportement des cours de ses produits d’exportation sur le marché international. Ainsi donc, dès que les cours sont en hausse, les recettes publiques de la RDC suivent la même tendance. Dans le cas contraire, c’est la baisse des recettes publiques automatiquement.
C’est ce qui est arrivé en 2015-2016 avec la baisse des cours du cuivre, du cobalt et du pétrole sur le marché internationale. A la suite de ce fléchissement des cours, la RDC a vu, dans son budget 2016, la baisse de plus de 1 milliard USD. Il s’en est suivi la baisse du taux de croissance, qui est passé de 6,9% en 2015 à 2,4 en 2016, ainsi que des principaux indicateurs du cadre macro-économique.
Face à cette crise, le gouvernement Matata Ponyo de l’époque avait arrêté 28 mesures urgentes pour la stabilisation de l’économie et sa relance. Ces mesures, pour l’essentiel, invitaient la RDC à diversifier son économie afin de ne plus s’exposer à des tels chocs. Que nenni.
Cinq ans après la crise des cours des matières premières, la RDC n’a rien fait pour diversifier son économie notamment par des investissements massifs dans l’industrialisation, l’agro-industrie ou encore les NTIC. Le pays continue à exporter des minerais brut qui sont transformer à l’étranger et dépense plus de 2 milliards USD pour importer des produits alimentaires.
Avec cette épidémie de coronavirus qui sévit en Chine depuis plus d’un mois, il y a lieu de craindre que l’économie congolaise récente le contrecoup du ralentissement des activités économiques au pays au milieu qui est l’atelier du monde. Bien plus, Pékin est le premier partenaire économique de la RDC qui y exporte principalement les produits miniers.
Le vendredi 7 février, le gouverneur de la Banque centrale, Déogratias Mutombo, avait lancé une alerte sur le risque potentiel de la baisse des recettes publiques en RDC en cas de persistance de l’épidémie en Chine.
Lors du Conseil de ministres de la semaine dernière, le gouvernement s’est limité à prendre des dispositions sur le plan sanitaire pour éviter qu’un cas suspect ne pénètre en RDC. Au-delà de ces dispositions, il est impératif que l’Exécutif national commence à prendre des mesures susceptibles de compenser, ou tout le moins d’amortir, une éventuelle baisse de ses recettes publiques en cas de l’aggravation de cette maladie en Chine.
Le gouvernement a le challenge de mobiliser pour la première fois, depuis la normalisation des relations avec la communauté internationale soit depuis deux décennies, 11 milliards USD pour son budget. Il n’a pas d’autres choix que d’anticiper une éventuelle crise en cette année déclarée « année des actions » par le président de la République. Ne ditons pas que « Gouverner c’est prévoir ? ».
Amédée Mwarabu