Sur le marché des biens et services, la Banque centrale du Congo évalue à 0,51% le taux d'inflation en janvier 2020 contre 0,27% une année avant.
« On a observé effectivement une augmentation des prix sur le marché des biens et services. C’est une surchauffe qu’on peut qualifier de « modérée ». Il ne faut pas trop s’en inquiéter mais nous devons prendre des mesures pour empêcher l’accélération du rythme de formation des prix des biens et services. Donc, pour le moment, nous pensons que c’est une surchauffe modérée parce qu’au 31 janvier, le cumul du taux d’inflation a été de 0,51% contre 0,27% en 2019. Il y a certes une hausse par rapport à la période correspondante de 2019 mais lorsqu’on compare en rythme annuel, l’année passée nous avons fait 4,6%. Ce taux de 0,51%, s’il se maintient, dans un contexte où toute chose reste égale par ailleurs, nous aurons à fin décembre 2020 un taux d’inflation qui va osciller autour de 6,3% », a expliqué le gouverneur de la Banque centrale, Déogratias Mutombo, lors de la conférence de presse tenue le vendredi 7 février à l’issue de la 1ère réunion du Comité de politique monétaire.
Le patron de la BCC reste optimiste pour contenir l’inflation en deçà de 7,0% qui est l’objectif à fin décembre 2020. « Nous pensons qu’avec la mise en œuvre du Programme de référence qui est suivi de service du FMI, nous pouvons être optimistes quant à l’ajustement ».
Au plan du secteur extérieur, en janvier 2020, la monnaie nationale s'est dépréciée de 0,65% à l'indicatif et 1,06% au parallèle contre 0,115% et 1,12% enregistrés à la même période correspondante de 2019. Au 31 janvier 2020, les taux de change indicatif et parallèle se sont situés à 1 683,88 CDF et 1 744,17 CDF le dollar américain respectivement.
Et quand on lui pose la question de savoir qu’est-ce qui explique cette légère hausse des prix des biens et services en janvier, le gouverneur de la Banque centrale l’attribue à certains goulots d’étranglement.
« Ce qu’il faut noter ce qu’en plus du fait que les recettes de l’Etat n’entrent pas totalement dans les caisses de l’Etat pour permettre de financer seulement ses dépenses. La surchauffe observée est expliquée par la hausse des prix des produits alimentaires causée par les goulots d’étranglement qui limitent l’offre sur le marché de Kinshasa. C’est le cas de la destruction de la route qui acheminait les produits comme le haricot de Goma vers Kisangani et de Kisangani vers Kinshasa via le fleuve. C’est le cas également du maïs qui vient de l’équateur et du Bandundu où les tracasseries policières découragent les commerçants à acheminer ces produits vers Kinshasa. Que ça soit par bateau ou par route, ces commerçants font souvent face aux tracasseries policières qui les découragent. Mais, ceux-là qui tiennent à amener leurs produits jusqu’à Kinshasa, ils répercutent toutes les dépenses sur le prix de vente. Il y a aussi la fragmentation de notre fiscalité qui contribue à la surchauffe sur le marché des biens et services. Quant au sucre, c’est la baisse de production à Kwilu Ngongo qui a contribué à la hausse des prix sur le marché. Ce sont toutes ces contraintes qui limitent l’offre aujourd’hui. Nous devons travailler pour éliminer ces goulots d’étranglement », a déclaré Déogratias Mutombo.
Pour autant, la Banque centrale n’a pas modifié son dispositif de politique monétaire tout en continuant à réguler la circulation de la liquidité sur le marché.
« Est-ce que la Banque centrale devrait modifier le dispositif de sa politique monétaire face à la surchauffe des prix en janvier? Pas nécessairement parce que quand on maintient le statuquo ça ne veut pas dire l’inaction. La Banque centrale régule en permanence la liquidité bancaire. En permanence, nous agissons pour réduire la capacité des banques à créer les liquidités supplémentaires à travers nos instruments d’intervention. Sans avoir à modifier le coefficient de la réserve obligatoire, la réserve obligatoire nous a permis de ponctionner 41 milliards FC. Egalement les Bons BCC nous ont permis de retirer 12 milliards FC. Au total, on a retiré de la circulation 53 milliards FC. Nous sommes conscients et nous veillons à sa stabilité du cadre macroéconomique. Ce qui est d’ailleurs notre mission première. Et Nous ne ménageant aucun effort pour y parvenir. Nous devons accompagner la mise en œuvre les mesures qui visent à accroitre les recettes publiques à améliorer cette mobilisation », a soutenu le patron de l’Institut d’émission.
Toutefois, estime Déogratias Mutombo, le déficit budgétaire reste le principal facteur qui crée l’extension monétaire.
« Le facteur principal c’est le déficit budgétaire qui fait créer l’extension monétaire. Cela accroit la demande alors que l’offre aussi est en baisse du fait des goulots d’étranglement. Il faut agir de deux cotés. Ce qui demande d’avoir les moyens notamment pour construire des routes et permettre l’acheminement des marchandises. Mais, il faut des réformes pour arrêter les tracasseries fiscales et administratives », a-t-il dit.
Amédée Mwarabu