RDC : Rien n’arrête la petite corruption même en 2020

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PAR Deskeco - 08 jan 2020 08:36, Dans Corruption

La corruption reste le fléau que la République démocratique du Congo n’a pas encore réussi à endiguer malgré tous les discours de bonnes intentions du Chef de l’Etat. Félix Tshisekedi a juré de mener une « lutte efficace et déterminée » contre toutes les formes de corruptions. Ceci reste sans effet jusque-là notamment en ce qui concerne la petite corruption.

Dans une interview accordée à DESKECO.COM en mars 2019, le professeur Ambroise Bukassa, auteur du livre "Congo Kinshasa. Quand la corruption dirige la République", soutenait que la lutte contre la corruption ne doit pas être un combat d'un individu ou d'un groupe d'individus mais plutôt de tout le peuple.

« Chaque peuple a toujours ses ressorts. Le peuple peut décider demain de mettre fin à la corruption. En ce moment-là vous allez voir, les choses vont changer. Rien n’est perdu. Le peuple est dynamique. Il peut demain ou après-demain mettre fin à la corruption. Mais, ce n’est pas la lutte d’un individu ou d’un groupe d’individus. Non. La corruption est un monstre à plusieurs têtes. Quand vous coupez une tête, une autre sort. C’est le peuple qui doit lutter contre la corruption », dixit le professeur Ambroise Bukassa.

A l’aune de 2020 décrétée « année de l’action », DESKECO.COM constate que notamment  la petite corruption continue sans désemparer dans toutes les scènes de vie des Congolais. C’est à croire que la corruption est tellement encrée dans les mœurs des Congolais que devant toute situation, l’on pense à soudoyer pour obtenir une faveur ou pour se soustraire de la loi.

Voici une illustration de 5 cas permanents de corruption que l’on observe au quotidien dans les différentes institutions de la République :

  1. Chez les policiers de la circulation. C’est la forme la plus visible de la corruption en République démocratique du Congo. En longueur des journées des policiers de roulage arrêtent à tort ou à raison les automobilistes. Dans la majorité des cas, ces arrestations se terminent par la corruption qui profite au seul policier de roulage au détriment de l’Etat qui pouvait engranger une amende au cas l’infraction était avérée.
  2. Dans l'administration publique. On continue à soudoyer les agents et fonctionnaires de l’Etat pour obtenir, dans le délai, un document officiel ou même pour obtenir indûment un document à faire valoir. Cela continue allégrement jusqu’à ce jour. Au ministère des affaires étrangères, si on paie les 185 dollars américains, prix officiel du passeport, il faut attendre au minimum une semaine pour obtenir ce document. Mais si on paie 250 USD, on a ce document en moins de 48 heures.
  3. Chez les policiers de Sous/Ciat. Ici, les commandants de Sous/Ciat sont soudoyés en longueur des journées par des familles pour libérer des prévenus. Des cas sont légion.
  4. Dans les aéroports. A l’aéroport de N’djili par exemple, le plus grand et le plus sécurisé du pays, il suffit de glisser 1000 FC pour garer votre véhicule au Parking alors qu’il y a un prix officiel pour avoir droit au Parking.
  5. Dans les postes frontaliers. En mission d’inspection à Lufu, le directeur général de l’Ogefrem a assisté à une fraude géante à ce poste frontalier avec l’Angola. Des tricycles rentrent des marchandises sans payer des droits de douane à la barbe des services compétents à ce poste frontalier. Une corruption organisée et à ciel ouvert se fait impunément à Lufu. C’est le même cas dans plusieurs postes frontaliers où des containers sont déchargés et fractionnés en petits colis qui traversent la frontière à côté du poste frontalier.

Tous ces cas de corruption laissent évidemment échapper des millions de dollars du Trésor public au profit des individus.

Amédée Mwarabu

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