C’est ce qu’a indiqué le Directeur chef du Département financier de la Société congolaise des transports et des ports, M. Bertin Mudimu Tshisekedi, au cours d’une émission télévisée sur la Rtga. Comptant sur l’implication de hautes autorités du pays, ce pasteur d’église, économiste de formation, une maîtrise à Anvers dans le domaine des transports, l’homme croit dur comme fer que malgré les difficultés auxquelles les entreprises publiques et privées sont confrontées en Rdc, les lendemains sont meilleurs pour l’ex-Onatra.
Ci-dessous, l’essentiel de ses réponses aux questions lui posées sur la situation actuelle de la SCTP :
Comment ça va présentement à l’ex-Onatra, cette société où les statistiques affichent plus de 7 mille agents actifs, 12 mille retraités ?
On évolue malgré le contexte actuel. Nous avons l’espoir que demain ira mieux. Cet optimisme est appuyé sur la volonté et la détermination des uns et des autres. Nous allons arriver à remonter la pente.
L’état des statistiques, il faut remonter dans le temps pour mieux comprendre les choses. Autrefois, on avait une activité florissante. Avec l’avènement du Président Mobutu au pouvoir, avec la politique de grands travaux et l’accompagnement de l’économie par la réorganisation des transports, l’Onatra de l’époque avait joué un grand rôle. Cette société à charte devait accompagner l’économie du Congo en permettant l’exportation des matières premières vers l’extérieur. Ce qui nécessitât du personnel, à l’origine du trop-plein actuel. Et malgré la baisse de l’activité, ce personnel : 7.000 agents actifs et 12.000 pensionnés sont naturellement à charge de la SCTP. Une pyramide visiblement inversée ! Mais cette situation est due également au fait que nous n’avons pas suffisamment de moyens pour les reverser à la CNSS, Caisse nationale de sécurité sociale. Toutefois, des solutions seront trouvées. De même, sur fond du plan de carrière, les démarches sont en cours en vue de recrutement. Une mesure conservatoire du gouvernement ne le permet pas pour l’instant. La moyenne d’âge des agents chez nous est de 55 ans. Ce qui n’est pas normal.
Avec le patrimoine dont jouit l’ex. Onatra, ne pensez-vous pas vendre quelques biens et affronter cette difficulté ? Surtout qu’il y a un souci entre votre chiffre d’affaires moyen et le coût variable moyen, un outil de production loin d’être compétitif ?
Plusieurs hypothèses peuvent être émises à ce sujet. Néanmoins, vendre dans ces conditions n’est pas une mince affaire. Nous sommes une entreprise de l’Etat. Ce n’est pas à la Direction ou au Conseil d’administration de prendre pareille option, sans l’accord du pouvoir de tutelle.
Nous pouvons également trouver des partenaires qui peuvent nous aider à avoir de l’argent. Aujourd’hui, notre patrimoine immobilier et foncier s’évalue à plus ou moins 2 milliards de dollars, alors qu’avec les pensionnés, nous leur devons environ 30 millions. Si par bonheur nous avons des partenariats avec des institutions financières de développement, il est possible de reverser tous ces pensionnés à la CNSS et même trouver de quoi redresser l’entreprise. C’est pourquoi je dis qu’il y a de l’espoir. L’économie reconnait que si le chiffre d’affaires est égal au coût variable, on peut continuer l’exploitation, à court terme, imaginant en même temps des stratégies pour améliorer la production.
Quant à notre outil de production, il est obsolète. A mon entrée à l’Onatra vers 1986, nous étions en coopération avec la Banque mondiale et les institutions de Breton Woods, qui pourvoyaient en tout ce qui était investissement. Cette coopération fut arrêtée en 1990, alors que l’amortissement lui, ne s’arrête pas. Il faut réhabiliter notre outil de production, ce à quoi s’adonne la Direction de la SCTP actuellement.
Plusieurs se sont succédé à la tête de la SCTP sans relever les défis. Est-ce une affaire d’hommes ou de manque de volonté politique alors que la concurrence est engagée sans merci ?
La situation actuelle à la SCTP a des causes internes et externes. Les unes liées à la situation de fonctionnement de l’entreprise ; les autres, à l’environnement avec ses réalités légale, économique et sociale auxquelles celle-ci est confrontée. Parlant de l’environnement externe, c’est l’Etat qui intervient. A l’époque, tout le monde sait comment on engageait les mandataires, même sans expertise requise, et qui malheureusement étaient redevables vis-à-vis de ceux qui les engageaient. Et les raisons politiques primaient sur les raisons économiques. L’Etat devra donc tenir compte de l’expertise dans la désignation des mandataires, surtout dans nos sociétés structurantes comme la SCTP ; des gens qui ont évolué et font preuve dans l’entreprise, des gens capables d’imaginer un management qui soit capable d’affronter les différents défis auxquels l’entreprise est confrontée, et de gagner le challenge.
Côté économique, la SCTP avait autrefois le monopole, seul exploitant sur le fleuve, seul manutentionnaire dans les différents ports,… Actuellement, c’est la concurrence. Nous sommes dans un certain libéralisme concerté. Nous devons donc être compétitifs vis-à-vis des autres. Le dossier est sur la table de la Direction générale de l’entreprise qui a déjà pris des mesures idoines quant à ce.
Une guéguerre autour du projet pont route-rail d’une part, port en eau profonde de l’autre, quelle lecture en faites-vous ?
Le Président de la République a déjà calmé le jeu. Il a parlé, il va exécuter. C’est un homme de parole. Et lors du Conseil des ministres, la décision a été prise pour l’entame de la construction du port en eaux profondes. De son côté, la construction du pont route-rail répond à la logique de l’intégration. Mais la construction d’un port en eaux profondes vient garantir la protection du Kongo central ; ce qui rend tout le Congo compétitif, en accueillant des navires de gros tonnage. Sinon, tout irait vers les ports concurrents, notamment Pointe-Noire au Congo voisin. Et même notre indépendance économique serait compromise.
Lepetit Baende