RDC :Quand les institutions politiques s'accaparent du Trésor public

Gouvernement
PAR Deskeco - 20 nov 2019 10:30, Dans Actualités

L'exécution du budget 2018 révèle que les institutions politiques ont mis la main sur le Trésor de l'Etat congolais qui, pourtant, devrait redistribuer équitablement à toute la nation. La grande révélation de l'analyse de la Cour des comptes sur l'exécution du budget 2018 est celle-là. Et c'est comme ça plusieurs années avant. 

Les acteurs politiques au pouvoir se servent avec gloutonnerie à la mangeoire de l'Etat sacrifiant les projets pro-pauvres et les investissements nécessaires pour résorber le chômage de masse que connaît la RDC. 

Tenez. Le rapport général du ministère des Finances dans ses annexes renseigne que trois institutions et quinze ministères ont connu plus de 100% d’exécution des dépenses en 2018. Voté à hauteur de 63 millions USD, le volume des dépenses de la Présidence de la république se situe à 302 millions USD, soit un taux d'exécution de 476,22%. Sur ce montant, la rubrique budgétaire réservée aux frais de fonctionnement a été payée à hauteur de 256 millions USD contre les prévisions de l’ordre de 28 millions USD, soit un taux de réalisation de  897,84%.

A la Primature, sur les prévisions de 23 millions USD, les dépenses ont connu un paiement de 40 millions USD soit 176%. En ce qui concerne la rubrique budgétaire réservée au fonctionnement, il y a une exécution de 18 millions USD contre les crédits votés de 10 millions USD, soit 180%.

En dehors de la présidence et de la primature, le rapport signale également l’assemblée nationale (133,92%) et le Sénat (116,77%) ont exécuté leurs dépenses de fonctionnement en dépassement.

A l'analyse de l'exécution du Budget 2018, la Cour des comptes note expressément que les dépenses effectuées en 2018 n' ont pas participé au développement du pays. Il s'agissait des dépenses de consommation courante comme le frais de fonctionnement, les Rémunérations de personnel ou encore l'achat des petits matériels de bureau. Ce qui explique la colère de certains députés de l'opposition. 

"Il y a 1406 projets qui ont été votés. Sur ces projets qui valent 1 600 000 000 USD, peu des projets ont été exécutés à une valeur de 1 672 000 USD soit 1%. 1173 ont eu zéro exécution. 44 projets ont été exécutés sans crédit à hauteur de 467 000 000 USD, il s’agit donc d’un détournement des crédits. 75 projets ont été budgétisés et ont payé 4 fois le prix. Il s’agit donc d’un vol qualifié parce que les projets n’ont pas été prévus à cette hauteur. Madame la Présidente, je ne vais pas m’étendre plus loin. Voilà déjà 500 000 000 USD qu’on doit nous justifier. Je vais aller à un autre élément simple. Il s’agit de fourniture et petits matériels des bureaux, prévisions 89 000 000 USD, liquidation 131 000 000 USD et paiement 247 000 000 USD. Vous avez déjà là près de 650 000 000 USD détournés. Il s’agit donc ici de ne pas accepter de donner le quitus à un gouvernement qui nous doit plus de 650 000 000 USD », a déclaré le député Christian Mwando le samedi 16 novembre lors de l'examen en plénière de l'assemblée nationale du Projet de loi portant reddition des comptes de l’exercice 2018.

Dans son rapport, la Cour des comptes observe qu'alors que certaines administrations se permettent de dépassements exponentiel, qui sont des fautes de gestion, d'autres n'ont quasiment pas été approvisionnées par le Trésor public. C'est à croire que les institutions politiques ont carrément confusqué l'argent de l'Etat juste pour eux. 

Le projet de la réduction du train de vie des institutions est dans les tiroirs de la présidence de la République et de la Primature depuis plus de deux ans. Aucune volonté politique pour mettre ce projet en œuvre. La preuve ? Sylvestre Ilunga Ilunkamba n'a pas hésité un seul instant pour former un gouvernement éléphantesque de 67 membres. Pire, le décret Tshibala de décembre 2018 accordant une retraite dorée aux anciens membres du gouvernement n'a jamais été abrogé. Non seulement les membres du gouvernement ont des émoluments confortables pendant leur exercice mais aussi quand ils quittent les institutions ils ont droit d'aller se faire soigner à l'étranger, en plus de 30% de leurs émoluments qu'ils percevront mensuellement. 

Amédée Mwarabu 

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