Zambie, Rwanda, Angola, Ouganda, Congo, Tanzanie... lorgnent sur le marché économique de la RDC 

PAR Deskeco - 16 juil 2019 13:27, Dans Actualités

La République démocratique du Congo est un vaste marché économique de plus de 80 millions d'habitants. Bien plus, le Grand Congo regorge des immenses ressources naturelles, des minerais de toute sorte, destinées principalement à l'exportation. Ces atouts économiques font que les pays voisins qui cherchent à booster leurs économies se préparent en conséquence en fonction de ces opportunités économiques.

Sur les 9 voisins de la RDC, seuls la République centrafricaine, le Sud-Soudan, et le Burundi semblent ne pas encore se mettre en ordre de bataille pour profiter des opportunités du vaste marché qu'offre la RDC.

Le Rwanda, l'Ouganda, la Tanzanie, la Zambie, l'Angola et le Congo Brazzaville sont déjà en ordre de bataille pour profiter des opportunités économiques du marché RD Congolais. 

La Zambie. Ce pays doit être le premier à comprendre que la RDC est un vaste marché économique à capitaliser. Depuis trois décennies, la Zambie a toujours inondé le Katanga notamment de ses produits issus de son agro-industrie. De la farine de maïs aux huiles végétales en passant par la farine de froment, les poulets abattus,  les œufs et bien d'autres produits agricoles zambiens sont écoulés en RDC par l'ex Katanga. Depuis, la RDC n'a jamais renversé cette tendance. 

Pourtant, depuis une dizaine d'années, le désert avance en Afrique australe et réduit la production agricole. La RDC pouvait profiter de ce fait climatique pour moderniser son agriculture et écouler ses produits agricoles non seulement en Zambie mais dans tous les pays de l'Afrique australe qui, suite à la montée de la désertification, ont vu leur production agricole baisser, y compris la Zambie. L'on se rappelle, il y a deux ans, la Zambie avait arrêté ses exportations de la farine de maïs vers la RDC, provoquant une montée vertigineuse des prix de cette denrée à Lubumbashi. Au point que, de son exile, Moïse Katumbi est descendu en Afrique du Sud pour acheter des tonnes de farine à expédier vers le Katanga.

Pour autant, il y a quelques initiatives des opérateurs économiques privés à encourager. La "Ferme Espoir", une propriété privée du couple Joseph Kabila - Maman Olive Lembe,  alimente quand-même le Katanga en produits agricoles de base notamment la farine de maïs et autres produits de grande consommation. Cependant, les provinces du Katanga, malgré les initiatives privées, dépendent toujours de la Zambie et d'autres pays de la sous région Afrique australe en ce qui concerne les produits de consommation courante. 

Le Rwanda. Ce pays profite de la fraude dans l'exploitation minière de la RDC depuis deux décennies. Mais, depuis ces cinq dernières années, Kigali a opté à la promotion des industries de transformation de minerais. Ainsi, le Rwanda dispose aujourd'hui d'une usine de transformation légère du coltan. 

En mars 2019, le Rwanda s'est doté d'une raffinerie d'or de standard international, implantée dans la zone économique de Kigali dans le district de Gasabo. Cette co-entreprise est née du partenariat entre une société locale Aldira et de l'américain Hilly Metals Company. D'un investissement de 5 millions USD, cette raffinerie a une capacité de traiter 6 tonnes d'or par mois. L'usine a été construite pour transformer une bonne partie de l'or du continent, avoue le responsable de cette raffinerie. 

Il est fort probable que tous les minerais issus de la fraude en RDC finissent dans ces industries rwandaises pour leur transformation.

De même, le Rwanda veut être un hub pour les compagnies de transport aérien qui sillonnent l'Afrique. Kigali construit l'aéroport international de Bugesera, un projet de 818 millions USD. Il servira justement de transit pour la plupart des compagnies d'aviation du continent. 

Avec un territoire aussi vaste de 2 millions 345.000 km2, et sa position géographique au cœur de l' Afrique, la RDC a cette vocation naturelle d'être le  hub principal sur le continent. Cependant, suite à l'absence de volonté politique, la RDC n'a pas une telle infrastructures. Pire, il n'y a pas un projet à moyen terme de construction d'un hub.

L'Ouganda. Ce pays tirait principalement ses ressources en devises de l'exportation du café. Selon les récentes données de la Banque centrale de l'Ouganda, l'or est devenu la première source des devises étrangères à l'exportation, devançant le café. Depuis 2015, l'Ouganda à trois raffinerie d'or. 

“En 2018, l’or a ravi au café le rang de principale source de devises étrangères de l’Ouganda. Selon les données de la banque centrale, les exportations d’or ont augmenté en glissement annuel de 23% à 514 millions de dollars”, rapportait Agence ECOFIN en mai 2019. 

Selon des informations crédibles, une bonne partie de cet or vient de la contrebande en RDC. L’ONG Global Witness à eu à tirer la sonnette d'alarme dans un de ses rapports en 2017 sur la production d’or dans la région des Grands Lacs. « Avec des frontières régionales poreuses et une faible réglementation nationale, affirment les auteurs de ce document, la présence de ce type d’infrastructure est susceptible (…) d’attirer l’or provenant de sources douteuses en Ouganda et dans les pays limitrophes. », notait Global Witness. 

L'Angola. Ce puissant voisin de l'ouest veut aussi profiter des opportunités économiques de la RDC. Ainsi, Luanda a investi 2 Milliards USD pour reconstruire totalement le chemin de fer de Benguela, sur son territoire. Cette voie ferrée est donc déjà prête du côté angolais. L'enjeu c'est d'évacuer les minerais de la province de Lualaba par le chemin de fer congolais de Dilolo jusqu'à Lobito, sur le bord de l'océan Atlantique. 

Mais, la RDC n'a même pas encore commencé la réhabilitation de ce chemin de fer sur son territoire. Depuis un temps, c'est Luanda qui pousse Kinshasa à respecter son engagement de réhabiliter ce chemin de fer de Kolwezi à Dilolo, long de 427 km, de manière à permettre que le chemin de fer de Benguela soit opérationnel de bout en bout. 

Le chemin de fer de Benguela est l’infrastructure ferroviaire la plus longue d’Afrique. Il s’étend du port atlantique de Lobito, en Angola, jusqu’au terminus à Lubumbashi,  en RDC. Cette voie ferrée lie donc Lobito aux bassins miniers des pays voisins enclavés, la Zambie et le Katanga en RDC. Elle est devenue impraticable à cause des troubles politiques en Angola et au Zaïre dans les années 1970.

Le Congo Brazzaville. Le pays de Sassou Nguesso tient à la réalisation du pont Route-rail Kinshasa-Brazzaville. Et le Congo Brazzaville s'est déjà préparé à cette ouverture. Il a déjà construit une autoroute et une voie ferrée sur 500 km, reliant son port en eaux profondes de Pointe Noire à la capitale Brazzaville. Dès lors, une fois le pont jeté, le pays de Sassou va en tirer les gains conséquents. 

Entre-temps, du côté de Kinshasa on ne s'est jamais vraiment préparé à ce projet en se dotant notamment du port en eaux profondes de Banana dans le Kongo Central. Soudain, la RDC réalise qu'elle ne peut pas accepter la réalisation de ce pont tant que le port de Banana, dont les travaux pourraient commencer au plus tôt en 2020, n'est pas opérationnel. 

La Tanzanie. Ce voisin du Sud-est de la RDC a un joyau économique, son port de Dar es Salam, sur le bord de l'océan indien. Par ce port passent des millions de tonnes de marchandises destinées à la RDC par route. Sur fonds propres, la Tanzanie a mis en place un projet d'une voie ferrée de 1600 km qui va relier le  port de Dar es Salam aux pays de la sous région (Burundi, Rwanda, Zambie) dont le Géant Congo. En RDC, cette voie ferrée va passer par quatre villes dont Lubumbashi, Kalemie, Moba et Kigoma, dans le Katanga. Ce chemin de fer a une vocation avant tout économique, assurer le transport des marchandises et des passagers. 

A tout prendre, les voisins de la RDC préparent leurs économies à tirer le maximum du marché congolais. Seulement, la RDC est de faire le nécessaire pour être la locomotive de l'économie de la sous région encore moins du continent. 

Amédée Mwarabu

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