Réduction des émoluments des députés : Delly Sessanga navré du rejet de son amendement

PAR Deskeco - 25 mar 2019 18:38, Dans Actualités

Toute la semaine passée, le député est passé dans différents médias pour fustiger le rejet de son amendement visant la réduction des émoluments des députés nationaux. Delly Sessanga est d’avis que le parlement en tant que représentation nationale devrait donner le ton. Avec le rejet de son amendement,  l’élu de Luiza regrette profondément l’attitude des députés nationaux.

Le Règlement intérieur devant régir l’Assemblée nationale au cours de la présente troisième législature de la troisième République a été adopté depuis jeudi dernier. Le texte qui contient d’importantes innovations est transmis à la Cour constitutionnelle qui dispose de 15 jours pour établir sa conformité à la Constitution.

L’on se souviendra que l’examen ayant conduit à l’adoption de ce texte a pris beaucoup de temps au niveau de la commission spéciale d’élaboration de ce Règlement intérieur, pour diverses raisons, dont le volume d’amendements, 705 au total, proposés par les députés nationaux à ladite commission.

Parmi ces amendements, celui du député national Delly Sessanga qui voulait que les émoluments des élus du peuple ne dépassent plus 5 fois plus que le salaire du secrétaire général de l’Administration publique. Ce, en vue de réduire le train de vie de l’institution Assemblée nationale et des députés nationaux.

Cependant, la majorité de députés nationaux ont voté pour le rejet de cet amendement de leur collègue Delly Sessanga. Et le leader de la plateforme politique Alternance pour la République (A.R) se dit « navré » que sa démarche ne puisse pas être soutenue par les élus du peuple. Car, souligne-t-il, le fonctionnement des institutions consomme l’essentiel des ressources publiques au détriment des besoins sociaux de base.

« Je suis profondément déçu de voir que les élus nationaux ne sont pas engagés sur la voie de consacrer l’essentiel de l’effort national à la reconstruction de ce pays. Il faut savoir que le fonctionnement de nos institutions consomme l’essentiel des ressources publiques. Aujourd’hui quand vous prenez sur la part des impôts qui sont payés, prenez rien que l’exécution du budget de l’année dernière, vous verrez que pratiquement, soixante-dix pourcent de ressources vont à payer les salaires et assurer le fonctionnement des institutions. Cela veut dire qu’à partir de ce moment-là, on n’a pas les moyens pour faire les investissements pour l’avenir, construire les écoles, construire les centres de santé, construire les routes et développer ce pays pour son avenir. On ne peut pas consacrer toutes les ressources à faire fonctionner les institutions », a-t-il déclaré mercredi dernier à la presse à l’issue du débat général pour l’adoption du Règlement intérieur.

Et d’ajouter : « Le deuxième élément, ce que les salaires trop élevés dans la sphère publique font qu’aujourd’hui, la politique attire vers elle tous les talents y compris ceux qui relèvent de levier de la société. Tout le monde rêve de devenir politique, non pas pour servir, mais parce que la politique est la seule voie qui permet un enrichissement rapide. Et donc, je voulais que l’Assemblée nationale donne le ton, en assurant la réduction de son propre train de vie, celui des députés nationaux, et ensuite s’attaquer à ceux des autres. Mais j’ai vu que les collègues, aussi bien ceux de la Majorité que de l’Opposition, ils sont opposés. Ils ont rejeté l’amendement. Ce qui est fort regrettable ».

Delly Sessanga a pris comme référence le salaire du secrétaire général de l’Administration parce que c’est le point le plus élevé du point de vue de l’administration publique. « Mettre un lien entre la situation du secrétaire général de l’Administration publique et celui du député national, permet de créer une solidarité entre la rémunération des élus, et la rémunération de nos fonctionnaires, la rémunération de toutes les autres catégories sociales. Il faut qu’il y ait une solidarité. On ne peut pas comprendre aujourd’hui qu’un soldat de première classe touche l’équivalent de 80 dollars américains, là où nous voulons remettre de la sécurité, de l’ordre à l’Est avec ce soldat, et avoir des députés qui touchent 150 – 200 fois plus. Moi je suis gêné par cette situation », a-t-il dit.

Selon cet élu de Luiza, Kasaï-Occidental, les élus du peuple doivent être exemplaires en tant que garants de l’intérêt général, pour avoir suffisamment de force et d’autorité morale de demander la réduction du train de vie des autres catégories d’institutions de la République. Il l’a dit pour répondre au président de la commission spéciale d’élaboration du Règlement intérieur, le député Evariste Boshab, qui a jugé que cette réduction du train de vie des institutions doit être une conséquence nationale.

« Le député est le garant de l’intérêt général. C’est le seul, avec le Président de la République, à avoir reçu le mandat direct de la communauté nationale pour la représenter. Et à ce titre, le député doit-être exemplaire. Il doit donner l’exemple pour avoir suffisamment de force et d’autorité morale pour s’attaquer aux autres catégories. Si le député lui-même augmente sa propre rémunération, il n’aura jamais le courage, ni le poids moral de s’attaquer à des rémunérations d’autres catégories dans ce pays. Je pense que la Rd Congo est de ce point de vue, un vrai scandale », a soutenu Delly Sessanga.

Signalons que dans les médias, cet élu a plaidé pour la réduction des émoluments des députés nationaux. Lesquels ont évolué pendant cette dernière décennie de 1.500$ en 2003, à 6.000$ en 2006 et enfin à 13.000$ en 2011.

Le député Sessanga propose donc 5.000 $ comme émolument d’un député national pour cette législature. Toutefois, des observateurs estiment qu’il faut un barème général en République démocratique du Congo pour tous les employés de l'État avec des équivalences de grade selon le secteur.

Lepetit Baende

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