La Banque africaine de développement (BAD) prévoit le lancement des travaux de construction du Pont Route-Rail Kinshasa-Brazzaville en août 2020 pour un financement de 660 millions USD.
Du côté de Brazzaville, on attend avec impatience le début des travaux parce que le pays s'est déjà préparé. Une autoroute et une ligne des chemins de fer,en très bon état, ont été construits sur les 510 km qui séparent la capitale Brazzaville et le port en eaux profondes de Pointe Noire sur l'océan Atlantique. Dès lors, la réalisation du Pont Route-Rail Kinshasa-Brazzaville est une aubaine pour l'économie de ce pays.
En revanche, du côté de la République démocratique du Congo, il n'est pas question de réaliser ce projet en ce moment. Les notables Ne Kongo s'y opposent. Il en est de même de certains experts qui estiment que la RDC n'a pas intérêt à s'ouvrir aux autres tant qu'elle n'est pas prête. Et donc, jeter ce pont entre Kinshasa et Brazzaville c'est tuer l'économie du Kongo-central bâti sur le port de Matadi. L'autre préalable c'est que la RDC voudrait avoir son propre port en eaux profondes avant de se rapprocher physiquement de Brazzaville par ce pont Route-Rail qui donne un avantage comparatif au port de Pointe Noire, au stade actuel.
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Ce n'est pas tout. Non seulement les dirigeants Congolais doivent réfléchir aux alternatives au port de Matadi afin de maintenir l'économie de cette province mais aussi il faudra relier le port de Banana à Kinshasa par une bonne route et des bons chemins de fer afin d'assurer l'évacuation des gros tonnages de marchandises qui passeront par Banana. Ce qui est indispensable pour concurrencer le port de Pointe Noire.
Pour autant, le pont Route-Rail entre Kinshasa et Brazzaville reste un maillon important pour l'intégration de l'Afrique par route et par rail. En effet, ce projet de relier Kinshasa à Brazzaville a vocation de garantir la continuité du transport, tenez, entre Tripoli (Libye) et Windhoek (Namibie) et Le Cap (Afrique du Sud). Ce qui nécessite également la construction des chemins de fer (1000 Km) entre Kinshasa et Ilebo au centre de la RDC de manière à faire jonction avec la voie ferrée Ilebo-Lubumbashi-Sakania-Zambie, qui débouche aux chemins de fer de l'Afrique australe et de l'Est.
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Tout aussi, en jetant le pont Route-rail entre les deux capitales les plus rapprochées au monde, on va relier Brazzaville à Libreville (Gabon) et Yaoundé (Cameroun) en même temps puisque ces trois pays ont déjà des infrastructures, routes et rails, qui les relient.
Autant dire que le pont Route-Rail Kin-Brazza est le chaînon manquant de la route transafricaine dite TAH3 devant relier Tripoli-Windhoek-Le Cap et donc essentielle à l'intégration tant régionale que continentale.
La RDC devrait donc rattraper très vite son retard en construisant les infrastructures nécessaires devant lui permettre de s'ouvrir aux économies africaines et permettre l'intégration du continent sans porter un coup à sa propre économie.
Amédée Mwarabu