En cette journée festive, la rédaction de DESKECO revient sur lévolution du salaire de lenseignant du primaire et secondaire, quelques une de leurs revendications restées lettre morte jusquà ces jours.
LEpiscopat congolais sauve lenseignement en 1993
Suite aux années blanches à répétition que la RDC a connu pendant les années 1990-1993, le 10 septembre 1993, lépiscopat de lEglise Catholique de la RDC avait pris la décision dinitier le système de prise en charge des Enseignants par les parents comme mode de gestion et de fonctionnement des écoles. Car, lEtat était devenu défaillant et nétant plus en mesure dassurer ses responsabilités. Les Frais dIntervention Ponctuels (FIP) ont été instaurés de manière provisoire en 1994. Ils répondaient alors à la nécessité dassurer temporairement le financement du système éducatif, jusquà ce que lEtat soit en mesure de remplir ses prérogatives.
Il était payé au directeur de lécole, mais une part revenait successivement à la Coordination des Enseignants au niveau provincial, puis au Chef de Division de lenseignement provincial et enfin au Ministère. Cette évolution de la portée du FIP a entraîné une augmentation continue de son montant. En 2000-2001, le FIP sélevait suivant le type détablissements dans une fourchette allant de 700 fc (école officielle en périphérie) à 5.250 fc (école privée du centre).
Le FIP deviendra alors, le principal facteur dabandon scolaire. Limpact a été plus important sur les ménages disposant de faibles moyens. Face à la baisse continue du taux de scolarisation depuis 1999-2000, à la marginalisation ou la privation à lenseignement des enfants des familles pauvres et à la discrimination entre filles et garçons au profit des seconds que le FIP entraîne, les évêques, au terme dune assemblée plénière du 28 juin au 3 juillet 2004, demandent au Gouvernement de Transition de bien vouloir payer aux enseignants un salaire décent, équitable et régulier.
Mbudi, un accord des dupes !
Lappel des évêques a été en moitié entendu. Après la menace de grève par les enseignants, le Gouvernement de transition ouvre des négociations pour le règlement de la crise.
Des négociations entamées entre les syndicats de l'Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP) et le Gouvernement avaient abouti. Laccord signé le 12 février 2004 prévoyait le paiement de 208 USD à un huissier et 2.080 USD au Secrétaire Général de l'Administration Publique. Dans un premier temps, les partis avaient décidé l'établissement d'une enveloppe salariale qui allouait à un huissier environ 50 USD et 100 USD au Secrétaire Général. Malgré l'octroi de cette enveloppe, la tension était loin de baisser dans les rangs des enseignants. Ils ont estimé « que le Gouvernement était loin de satisfaire à leurs revendications » conformément au « Contrat social de linnovation », communément appelé Accord de Mbudi. Le SYNECAT, qui a participé à ces négociations regrette la non application de cet accord, qui aurait amélioré la vie sociale des enseignants.
Après signature de laccord, le Ministre de lE.P.S.P. prit la décision de supprimer la prise en charge des enseignants par les parents en élargissant à lensemble des écoles publiques de la RDC. En outre, il annonça le paiement unique de 50 FC comme frais de minerval par an et par élève ainsi que le versement de 80.000 FC pour le fonctionnement par trimestre et par école dès la rentrée scolaire 2005-2006. Mais aussi la mise en application du barème négocier avec les enseignants. François Mwamba, alors Ministre du budget, a déclaré le jeudi 27 octobre 2006 devant les députés que lapplication des Accords de Mbudi nétait pas envisageable dans le contexte actuel, faute de ressources. Inquiet, les enseignants décident daller en grève tout en réclamant lapplication de laccord de Mbudi, qui restera sur le papier faute dapplication.
Marathon despoirs entre 2006-2018
Après les élections de 2006, les revendications des enseignants sont restées identiques, mais exigeaient en surplus lapplication des Accords de Mbudi (2004), la barémisation des salaires, la fin de la prime de motivation payée par les parents, la mutuelle de santé de lenseignant et assurer la retraite.
Pour améliorer le système éducatif, le Gouvernement adopte en 2010 le programme intérimaire de léducation, dont les résultats restent mitigés. En 2016, une stratégie sectorielle de la formation et de léducation 2016-2025 fut élaborée et adoptée par tous les partenaires de léducation. Ces deux stratégies sectorielles nont jamais été pris en compte dans les différents budgets de lEtat afin de prendre en compte les revendications des enseignants, renseigne un rapport danalyse de la société civile sur le projet de Loi de finances 2018. Car, le budget annuel de lenseignement est évalué à 968 324 611,50 USD soit 17,62% de lensemble des dépenses publiques, dont 0,56% à lenseignement primaire et 0,61% à lenseignement secondaire.
Ainsi, le salaire moyen de lenseignant est passé de 93.000 FC/ 99 USD en 2012 à 135.000 FC/92 USD en 2017 puis 160.000 FC/ 96 USD en 2019 contre 49.000 FC en 2007. Le nombre denseignants payés est passé de 225.723 en 2006 à 427 862 en 2019. Le nombre denseignants non payés à ce jour est de 145.828. Plus de 100.000 affiliés à la Mutuelle de Santé des enseignants dont 40% des membres titulaires et 60% des personnes à charge.
Pour résorber leffectif de 145.828 enseignants à mécaniser, un palier annuel de 50.000 enseignants a été prévu dans les politiques publiques du ministère de lEPSP de 2016-2018 puis de 2018-2020. Cependant, faute de moyen, le Gouvernement se contente de mécaniser 5000 enseignants par an.
Sagissant de la retraite, la question nest pas suffisamment prise en charge dans les différents budgets de lEtat. Un effectif de 6.746 agents des retraités et rentiers est prévu pour une enveloppe annuelle de 1.270.379.070 FC/769 926 USD. De ce montant, l'enveloppe à payer par mois est de 15.692 FC. En plus, les effectifs réels des enseignants retraités n'est pas connu.
Selon les différents mouvements de syndicats des enseignants, il sagit ici de la mauvaise foi du Gouvernement. Il nexiste pas daugmentation de salaire, mais plutôt dun rattrapage au tôt de dollar américain.
Après plusieurs négociations, en août 2017 le Gouvernement signe un protocole daccord avec le consortium de syndicats de léducation, réclamant le paiement de 100 USD pour un huissier et la mécanisation de 105.000 enseignants. Pour linstant, ce paiement se fait par palier. Mais, les parents poursuivent la prise en charge des enseignants : formation, rémunération et fonctionnement des écoles. Cette contribution est évaluée à 75% au financement de lenseignement, selon plusieurs ONG travaillant sur la question de léducation.
Pour améliorer les conditions de vie de lenseignant, la stratégie sectorielle de léducation et de la formation 2016-2025 a fait une projection de 1 313,4 milliard de dollars américains pour lexercice budgétaire 2020. Si le Chef de lEtat veut assurer la gratuité de lenseignement de base pour lannée scolaire 2019-2020 comme annoncé, ce montant doit être effectivement mis à la disposition de la rubrique rémunération du Ministère de lEPSP.
VM