Dans un entretien à bâtons rompus accordé aux journalistes de la Radio télévision nationale congolaise (RTNC), le directeur général de lObservatoire de surveillance de la corruption et de léthique professionnelle (OCEP), le professeur Mwendambali, a affirmé que les enquêtes menées par son organe démontrent que la corruption existe effectivement en RDC. Et daprès les enquêtes de lOCEP réalisées encore récemment, le taux de pénétration de la corruption dans le tissu du développement socio-économique de la République démocratique du Congo est évalué à 70 %.
« Au moins sur 10 Congolais, 7 sont corrompus. Sur 10 transactions commerciales à faire, 7 sont entachées des pratiques de corruption », affirme-t-il. Selon lui, pour lutter contre la corruption en République démocratique du Congo, il faut passer par les mécanismes internationaux. Parmi lesquels, il met laccent sur quatre.
Le premier mécanisme et le plus important, selon lui, cest limplication de la volonté politique de la haute hiérarchie, rassure-t-il. « Ça cest laxe impulsion de la haute hiérarchie. Deuxième axe, une fois que le président de la République a donné le coup denvoi, il faut maintenant passer par la sensibilisation. Cest ça quon appelle la prévention ».
Le Dg de lOCEP souligne quil y a des conditionnalités pour lutter contre la corruption, surtout auprès des agents publics de lEtat. « Il faut améliorer leurs salaires, leurs conditions socio-professionnelles. A côté de la sensibilisation, la prévention, il faut quil y ait la détection et l'investigation. Il faut découvrir, il faut mener des enquêtes pour connaître qui prend la corruption, qui nen prend pas. Et, enfin, il y a le quatrième axe, cest laxe des sanctions ou de la répression », dit-il.
Pour une loi spéciale sur la corruption
Pour le professeur Mwendambali, dans le domaine de la politique et, précisément dans une campagne électorale, il est admissible quil y ait un petit cadeau quon donne pour attirer son potentiel électoral. Mais pour éviter que cela ne soit pas transformé en pratique de corruption, sous dautres cieux, il y a des lois qui fixent le plafond du seuil quon ne peut pas dépasser. Même les candidats Président devraient-être soumis au même exercice, souhaite-t-il.
« Il faut quil y ait une loi qui fixe le plafond. Cette loi ne va pas seulement fixer le plafond, mais va également statuer sur le financement des partis politiques. Il faut donner à ces partis politiques des moyens pour ne pas les laisser être clochardisés et aller vers celui qui veut. Il faut quil y ait une loi, fixant dabord le seuil des montants quun candidat ne peut pas dépasser, catégorie par catégorie. Et une fois les élections se terminent, on contrôle leurs comptes. La Cour des comptes est là, qui doit intervenir. Lobservatoire peut aussi intervenir », ajoute le Dg de lOCEP.
Il indique quen RDC, on na pas encore fixé le plafond du montant quon peut engager dans une campagne électorale à différents niveaux de suffrage. « Il faut quon en arrive là ». Et la Rdc est déficitaire en matière de loi spéciale dans la lutte contre la corruption.
« La Rdc a le Code pénal qui naborde que 4 articles seulement consacrés à la lutte contre la corruption. Or, la corruption est un monstre qui se présente avec plusieurs facettes. Elle est multisectorielle, multiforme. Il faut dénicher tous les aspects de la corruption et légiférer par une loi en fonction de ces aspects multiples des facettes de la corruption. Nous navons pas cette loi ». Il indique que lOCEP a déjà proposé un projet de loi qui se trouve sur le bureau du ministre de la Justice.
« Jaimerais bien que le gouvernement puisse accorder une importance capitale à cela afin quon puisse avoir des lois anticorruptions dans notre pays. Le vrai combat de lutte contre la corruption ne sera engagé que quand nous serons dotés dune loi spéciale anticorruption. Il faut absolument quil y ait une loi portant lutte contre la corruption. Laquelle loi va trouver quels sont les organes à mettre en place, quelle est la politique menée sur le plan de la prévention, quelle est la politique quil faut envisager sur le plan de la détection-investigation, et quelle politique menée sur le plan de la répression», soutient-il.
Le professeur Mwendambali annonce aussi que lOCEP dispose dun call center financé par le gouvernement de la République, et dont le numéro est le 0815589893. Et ce call center se trouve au ministère de la Fonction publique, au bâtiment administratif. « A tout moment vous pouvez dénoncer toute pratique de corruption, au lieu de recourir à des kiosques. Appelez ce numéro de téléphone gratuitement, cest lEtat qui paie », invite-t-il.
Pour finir, il a tenu à préciser que la lutte contre la corruption ne concerne pas seulement les fonctionnaires. Il y a 17 catégories dagents publics de lEtat qui sont concernés par ce phénomène de pratique de corruption en Rdc.
« L'OCEP est là pour étendre son action davantage pour que la République démocratique du Congo puisse vraiment se retrouver comme un Etat qui met un accent particulier sur la moralisation de la gestion de la chose publique. Il faudra quon légifère par une loi sur la moralisation de la vie publique », conclut-il.
Lepetit Baende