RDC : L'OCEP évalue à 70% le taux de pénétration de la corruption

PAR Deskeco - 05 avr 2019 11:16, Dans Actualités

Dans un entretien à bâtons rompus accordé aux journalistes de la Radio télévision nationale congolaise (RTNC), le directeur général de l’Observatoire de surveillance de la corruption et de l’éthique professionnelle (OCEP), le professeur Mwendambali, a affirmé que les enquêtes menées par son organe démontrent que la corruption existe effectivement en RDC. Et d’après les enquêtes de l’OCEP réalisées encore récemment, le taux de pénétration de la corruption dans le tissu du développement socio-économique de la République démocratique du Congo est évalué à 70 %.

« Au moins sur 10 Congolais, 7 sont corrompus. Sur 10 transactions commerciales à faire, 7 sont entachées des pratiques de corruption », affirme-t-il. Selon lui, pour lutter contre la corruption en République démocratique du Congo, il faut passer par les mécanismes internationaux. Parmi lesquels, il met l’accent sur quatre.

Le premier mécanisme et le plus important, selon lui, c’est l’implication de la volonté politique de la haute hiérarchie, rassure-t-il. « Ça c’est l’axe impulsion de la haute hiérarchie. Deuxième axe, une fois que le président de la République a donné le coup d’envoi, il faut maintenant passer par la sensibilisation. C’est ça qu’on appelle la prévention ».

Le Dg de l’OCEP souligne qu’il y a des conditionnalités pour lutter contre la corruption, surtout auprès des agents publics de l’Etat. « Il faut améliorer leurs salaires, leurs conditions socio-professionnelles. A côté de la sensibilisation, la prévention, il faut qu’il y ait la détection et l'investigation. Il faut découvrir, il faut mener des enquêtes pour connaître qui prend la corruption, qui n’en prend pas. Et, enfin, il y a le quatrième axe, c’est l’axe des sanctions ou de la répression », dit-il.

Pour une loi spéciale sur la corruption

Pour le professeur Mwendambali, dans le domaine de la politique et, précisément dans une campagne électorale, il est admissible qu’il y ait un petit cadeau qu’on donne pour attirer son potentiel électoral. Mais pour éviter que cela ne soit pas transformé en pratique de corruption, sous d’autres cieux, il y a des lois qui fixent le plafond du seuil qu’on ne peut pas dépasser. Même les candidats Président devraient-être soumis au même exercice, souhaite-t-il.

« Il faut qu’il y ait une loi qui fixe le plafond. Cette loi ne va pas seulement fixer le plafond, mais va également statuer sur le financement des partis politiques. Il faut donner à ces partis politiques des moyens pour ne pas les laisser être clochardisés et aller vers celui qui veut. Il faut qu’il y ait une loi, fixant d’abord le seuil des montants qu’un candidat ne peut pas dépasser, catégorie par catégorie. Et une fois les élections se terminent, on contrôle leurs comptes. La Cour des comptes est là, qui doit intervenir. L’observatoire peut aussi intervenir… », ajoute le Dg de l’OCEP.

Il indique qu’en RDC, on n’a pas encore fixé le plafond du montant qu’on peut engager dans une campagne électorale à différents niveaux de suffrage. « Il faut qu’on en arrive là ». Et la Rdc est déficitaire en matière de loi spéciale dans la lutte contre la corruption.

« La Rdc a le Code pénal qui n’aborde que 4 articles seulement consacrés à la lutte contre la corruption. Or, la corruption est un monstre qui se présente avec plusieurs facettes. Elle est multisectorielle, multiforme. Il faut dénicher tous les aspects de la corruption et légiférer par une loi en fonction de ces aspects multiples des facettes de la corruption. Nous n’avons pas cette loi ». Il indique que l’OCEP a déjà proposé un projet de loi qui se trouve sur le bureau du ministre de la Justice.

« J’aimerais bien que le gouvernement puisse accorder une importance capitale à cela afin qu’on puisse avoir des lois anticorruptions dans notre pays. Le vrai combat de lutte contre la corruption ne sera engagé que quand nous serons dotés d’une loi spéciale anticorruption. Il faut absolument qu’il y ait une loi portant lutte contre la corruption. Laquelle loi va trouver quels sont les organes à mettre en place, quelle est la politique menée sur le plan de la prévention, quelle est la politique qu’il faut envisager sur le plan de la détection-investigation, et quelle politique menée sur le plan de la répression», soutient-il.

Le professeur Mwendambali annonce aussi que l’OCEP dispose d’un call center financé par le gouvernement de la République, et dont le numéro est le 0815589893. Et ce call center se trouve au ministère de la Fonction publique, au bâtiment administratif. « A tout moment vous pouvez dénoncer toute pratique de corruption, au lieu de recourir à des kiosques. Appelez ce numéro de téléphone gratuitement, c’est l’Etat qui paie », invite-t-il.

Pour finir, il a tenu à préciser que la lutte contre la corruption ne concerne pas seulement les fonctionnaires. Il y a 17 catégories d’agents publics de l’Etat qui sont concernés par ce phénomène de pratique de corruption en Rdc.

« L'OCEP est là pour étendre son action davantage pour que la République démocratique du Congo puisse vraiment se retrouver comme un Etat qui met un accent particulier sur la moralisation de la gestion de la chose publique. Il faudra qu’on légifère par une loi sur la moralisation de la vie publique », conclut-il.

Lepetit Baende

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