Mukwege : « Dans un pays où il pleut 9 mois sur 12, la famine et la malnutrition sont inacceptables »

PAR Deskeco - 02 juil 2018 10:13, Dans Actualités

Dans son message à l’occasion de la commémoration de l’anniversaire de l’indépendance de la RDC, Denis Mukwege a dressé un tableau sombre de la situation générale du pays. Il a évoqué notamment une indépendance mal assumée.

« L’indépendance, c’est le droit de manger à satiété ; l’indépendance, c’est le droit de chaque citoyen de travailler ; l’indépendance, c’est le droit de vivre dans un environnement sain et salubre ; l’indépendance, c’est l’égalité des droits à la santé et de droit à la scolarité ; l’indépendance, c’est l’égalité fiscale ; l’indépendance, c’est la légalité des institutions ; l’indépendance, c’est le respect de la Constitution. Aussi j’en appelle à chacun de nous de travailler pacifiquement à notre indépendance totale en résistant pacifiquement   par toutes les voies de droits et par notre parole aux forces obscures qui nous maintiennent en esclavage », a-t-il dit.

Il a également déploré le fait que plusieurs personnes meurent de malnutrition dans un pays où il pleut 9 mois sur 12.

« Il n’y a pas d’indépendance sans autosuffisance alimentaire. Quelle indépendance pour une famille de 7 personnes, privée de tout et où l’on mange un jour sur deux ? (…). Un système de taxation juste et efficace peut à lui seul générer des dizaines de milliards au trésor public avec lesquels nous pouvons financer la construction de nouvelles infrastructures qui nous manquent (Ecoles, Hôpitaux, …) », a-t-il ajouté.

Il a également interpellé les dirigeants sur leur responsabilité.

« Je m’adresse à mes chers compatriotes qui soutiennent cette politique du ventre et du sang qui n’a aucun projet, ni vision d’avenir. Qu’allons-nous léguer à nos enfants ? Que diront-ils de cette trahison ? (…). Il est temps que nous nous regardions en face plutôt que de toujours jeter la responsabilité de notre malheur aux pays étrangers (…). Nous sommes une génération qui a trahi le sang versé. Nous avons craché sur le visage de nos pères qui eux ont aimé ce pays et ont cru en lui. Nos pères se sont battus pour la dignité et pour la jouissance des ressources naturelles que regorgent notre sous-sol : 58 ans plus tard nous n’avons ni l’une ni l’autre », a écrit Mukwege.

Pour lui, la solution n’est pas donc les élections dont on sait d’avance, dit-il, qu’elles seront falsifiées. « La solution c’est plutôt de lutter pacifiquement pour la libération totale de notre pays. Après cela viendra le temps des élections libres, crédibles et transparentes », préconise le Prix Sakharov 2014.

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