Intervenant lors d’une plénière au Sénat ce mardi 4 novembre 2025 autour d’une question d’actualité adressée au ministre de l'Économie nationale sur l’appréciation du FC face au dollar américain, le sénateur Pungwe Mbuyu a affirmé que l’appréciation du franc congolais provoquée par la Banque centrale du Congo (BCC) à la suite de l’injection de 50 millions USD et de la réduction du taux directeur, a fait perdre au Trésor public des recettes. D’où le gouvernement ne sera pas en mesure de tenir certaines dépenses programmées.
« Cette appréciation du franc congolais a fait perdre des recettes publiques à l'État, l'État ne saura pas faire face à certaines dépenses qu’il avait programmées. Les prix n’ont pas baissé comme je l’ai dit. Il y aura de petites entreprises qui vont devoir fermer parce qu’elles auront à faire face à des augmentations de charges, puisque les marchés de bénéficiaires vont considérablement diminuer », a-t-il déclaré.
Il attribue cette situation à l’absence de coordination des politiques budgétaire et monétaire entre le gouvernement et la Banque centrale du Congo.
« Mon avis est le suivant, il y a eu absence de coordination avec le gouvernement sur cette démarche notamment le ministère des Finances, du Budget et de l'Économie que vous présidez, qu’est-ce qui est à la base de cette erreur ? Pour la baisse de recettes de l'État, les recettes du secteur minier sont calculées en devise, leur comptabilité et leur prévision, aujourd’hui, elles vont devoir être payées en francs congolais et ça va impacter considérablement les attentes du gouvernement », affirme-t-il.
Le sénateur Pungwe Mbuyu a également fait savoir lors de son intervention au Sénat que cette appréciation rapide de la devise locale aura un impact sur le premier trimestre de l’exercice budgétaire prochain.
« Il y aura même un impact pour le premier trimestre de l’année prochaine en ce qui concerne l’impôt IBP, quelle est l’erreur que la BCC et le gouvernement ont commise sans une coordination préalable ? », s’est-il adressé au vice-Premier ministre, ministre en charge de l'Économie nationale.
De son côté, la BCC nie que cette appréciation fasse baisser les recettes publiques.
« À fin octobre 2025, le taux de change s'est établi à 2 447,87 CDF le dollar américain, soit une appréciation de 14,1 % par rapport à fin septembre 2025, alors que les recettes se sont situées à 23 727,7 milliards de CDF, face à des prévisions budgétaires de 22 422,4 milliards, attestant d'une plus-value des recettes publiques de 1 305,7 milliards de CDF », peut-on lire dans un communiqué de presse de la BCC.
Jeudi 30 octobre dernier, la commission économique et financière de l’Assemblée nationale a audité le gouverneur de la BCC sur cette appréciation et sur la baisse de recettes qu’elle va provoquer sur les finances publiques.
« Cette appréciation spectaculaire est due à la stricte application d’une mesure prudentielle corrective prise par la BCC sur la réserve obligatoire en francs congolais des banques commerciales. Des mesures compensatoires sont prises pour assurer la stabilité du FC », a écrit Guy Mafuta, président de cette commission, sur son compte X.
Revenant sur la question du prix des biens sur le marché, Pungwe Mbuyu a souligné une disparité entre l’appréciation du franc congolais et les prix des produits qui demeurent élevés sur le marché.
« Votre mission principale est le contrôle des prix, vous ne réalisez pas que deux mois après que nous ayons cette situation d’appréciation du franc congolais, rien n’a été fait suffisamment pour faire baisser les prix, mais c’est le peuple qui est aux abois, c’est le peuple qui souffre en réalité. Vous n’avez pas fait suffisamment dans votre secteur pour le contrôle des prix et les faire baisser », a-t-il interpellé.
Jean-Baptiste Leni
