Selon le nouveau rapport de The Oakland Institute, un groupe de réflexion qui promeut le débat équitable sur les questions sociales, économiques et environnementales dans le contexte international actuel, l’accord de paix signé à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda pour mettre fin à trois décennies de guerre profiterait également à l’Ouganda quoiqu'il n'en fasse pas partie, grâce à la dimension « intégration régionale » de l’accord.
Déjà, le rapport pointe l’Ouganda comme un des bénéficiaires économiques de la déstabilisation de l’Est de la RDC, au même titre que le Rwanda, avec le soutien des États-Unis, depuis plusieurs années.
L’Ouganda, en coopération militaire avec la RDC notamment pour traquer les terroristes ADF très actifs en Ituri, en a profité pour augmenter son exploitation illicite de l’or et du bois.
Le rapport révèle que l’Ouganda a exporté près de 3,5 milliards de dollars d’or en 2024, « une part substantielle provenant de la RDC est introduite en contrebande avant d’être blanchie sur les marchés ougandais ».
Qui ajoute :
« L’Ouganda est également une destination majeure du bois extrait illégalement de l’est de la RDC ».
Oakland Institute estime ainsi que l’accord de Washington va permettre à l’Ouganda de « bénéficier de la formalisation de cette exploitation grâce à l’intégration régionale ».
En effet, l’accord de Washington comporte deux volets, l’un sécuritaire et l’autre économique. Le volet économique vise une coopération autour des projets en infrastructures dont l’hydroélectricité, la gestion des parcs nationaux et la traçabilité des minerais, avec le concours des cadres régionaux notamment l’EAC.
Déjà en juillet 2025, le groupe d’experts des Nations Unies indiquait dans son rapport que certains individus influents, y compris des députés et des notables, ont permis l'exploitation illégale de l'or, particulièrement en Ituri, revendu plus tard en Ouganda voisin.
« L'or extrait à Djugu et Mahagi transitait vers Kampala via les postes-frontières d'Aru et Mahagi, ainsi que par l'axe Butembo-Kasindi. Il était acheté notamment par des négociants ougandais tenant des comptoirs à Aru. »
Par ailleurs, Oakland Institute révèle qu’en juin 2025, la Mobilisation pour la sauvegarde de la souveraineté et de l’autonomie du Congo (MOSSAC), une coalition d’organisations de la société civile congolaise, a averti que l’accord de « paix » « normaliserait les accaparements illicites de ressources actuellement en cours par le Rwanda, le M23, l’AFC et leurs autres alliés, y compris les puissances occidentales qui convoitent les minéraux de la RDC et soutiennent le Rwanda avec une aide financière ».
Bruno Nsaka