RDC : "Nos enfants qui sont sous les territoires occupés ne bénéficient pas de la gratuité de l’enseignement", ministre de l'Intérieur

Photo d'illustration des élèves
Photo d'illustration des élèves
PAR Deskeco - 03 sep 2025 13:29, Dans Actualités

Le gouvernement congolais, à travers son ministre de l'Intérieur, a indiqué ce mardi que les élèves dans les territoires actuellement sous le contrôle de la rébellion du M23, ne bénéficiaient pas de la gratuité de l’enseignement primaire. Il l'a fait savoir lors d’un point de presse conjoint animé par le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, et le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, quelques heures seulement après la rentrée scolaire 2025-2026.

« Nous avons vécu au début de cette semaine la rentrée scolaire, c’est l’occasion de signaler que malheureusement  nos enfants qui sont sous les territoires occupés ne bénéficient pas de la gratuité de l’enseignement, ce qui aura un impact considérable sur le système éducatif national. Le jour où la paix sera consolidée, lorsque nous allons travailler sur la restauration de l’autorité de l’Etat, ça fera partie aussi de question majeure que le gouvernement devra prendre en charge », a déclaré M. Shabani, soulignant l’incapacité de l’État à appliquer cette mesure dans les zones échappant à son contrôle.

Une réforme sociale fragilisée

Lancée en 2019 par le président Félix Tshisekedi, la gratuité de l’enseignement primaire constitue l’une des réformes sociales les plus emblématiques de son quinquennat. Elle a permis à des millions d’enfants congolais d’accéder à l’école sans frais, contribuant à réduire significativement le taux de déscolarisation.

Cette situation concerne exclusivement les zones placées sous administration du M23/AFC, où plusieurs milliers d’élèves risquent de se retrouver privés de ce droit fondamental. Des organisations de la société civile alertent déjà sur le risque d’aggraver les inégalités éducatives entre les régions sous contrôle gouvernemental et celles occupées par les rebelles, dans un contexte marqué par une crise humanitaire persistante dans l’Est du pays.

Des observateurs, tels que Jean Jeef Mwanza, ont tenu rappeler sur leur compte X que « la gratuité de l’enseignement primaire public est un principe constitutionnel intangible, irréversible et non négociable ».

Un coût budgétaire élevé

Le financement de la gratuité scolaire représente un investissement annuel estimé à 2,9 milliards de dollars, couvrant le paiement de plus de 540 000 enseignants, le fonctionnement des établissements et la scolarisation de plus de 13 millions d’élèves.

Si cette politique repose largement sur les ressources internes de l’État, elle bénéficie aussi de soutiens extérieurs. La Banque mondiale, par exemple, a engagé un portefeuille de 9 milliards de dollars pour la RDC dans le cadre de l’IDA 20, dont environ 5 milliards restent encore à décaisser. Toutefois, des retards de mise en œuvre et des problèmes de gouvernance risquent de compromettre ces financements.

En 2021, l’institution financière avait d’ailleurs suspendu une enveloppe de 100 millions de dollars destinée à la gratuité de l’enseignement, après la découverte de fraudes massives, notamment des listes d’enseignants fictifs et des détournements de fonds.

Un symbole de la fragilité de l’État

Le fait que les élèves  dans les zones sous contrôle rebelle ne beneficient pas de la gratuité scolaire illustre la difficulté persistante de la RDC à garantir l’égalité d’accès à l’éducation sur l’ensemble de son territoire. Alors que le pays tente de consolider une réforme coûteuse mais essentielle pour son avenir, la persistance de l’insécurité dans l’Est demeure un obstacle majeur.

Jean-Baptiste Leni 

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