Question orale et débat sur le détournement présumé de 39,8 millions USD : Mutamba, Boji et Fwamba appelés à s’expliquer, notamment sur leur chaîne de dépenses

Constant Mutamba, ministre congolais de la justice
Constant Mutamba, ministre congolais de la justice
PAR Deskeco - 16 mai 2025 07:45, Dans Corruption

Une question orale avec débat a été adressée ce mercredi 14 mai 2025 à l’Assemblée nationale à Constant Mutamba, Aimé Boji et Doudou Fwamba, respectivement ministre de la Justicedu Budget et des Finances, concernant un détournement présumé de 39,8 millions de dollars américains. Ces fonds étaient destinés à la construction d’une prison à Kisangani.

Selon le député Willy Mishiki, auteur de la question, ce fonds a été saisi à la Banque centrale grâce à l’intervention de la Cellule nationale des renseignements financiers (CENAREF). Cette action a permis de mettre en lumière des irrégularités dans le processus de décaissement, notamment l’absence de respect de la chaîne de dépenses.

Le projet de construction de la prison a été attribué de gré à gré à la société Zion Construction SARL, une entreprise enregistrée au Royaume-Uni, dont six des huit associés initiaux auraient démissionné. Cette société, sans capacités techniques ni financières avérées, aurait obtenu ce marché sans appel d’offres, ce qui soulève des questions sur la transparence de la procédure.

Willy Mishiki indique, par ailleurs, que des investigations menées à Kisangani ont révélé qu’aucun site n’était prévu pour la construction de cette prison et que la population locale exprimait d’autres priorités, notamment l’amélioration de la desserte en énergie électrique.

« Nous avons été écœurés de constater que, sans respect de la procédure légale, notamment le respect de la chaîne de dépenses, il y a aujourd’hui 19 800 000 USD qui viennent d’être saisis à la Banque centrale, et là, je félicite la CENAREF, notamment son secrétaire exécutif, d’avoir saisi cette mafia », déclare-t-il.

Il ajoute :

« Comme vous le savez, il y a une société qui s’appelle Zion Construction, une société de la mafia bulgare, installée au Royaume-Uni, qui a huit associés, dont six sont démissionnaires. Ils sont venus ici au mois de mars 2024, ont ouvert une entreprise ici, sans capacité financière ni technique, et se sont arrogé le droit d’obtenir un gros marché de gré à gré accordé par le ministre Constant Mutamba, donneur de leçons, de 39 800 000 USD. »

Quid de la construction de la prison à Kisangani ?

Le député Willy Mishiki affirme avoir réuni toutes les preuves concernant ce dossier et indique vouloir obtenir une réponse claire sur la nécessité de la construction d’une prison à Kisangani, alors que les priorités de la ville sont tout autres : 

« Pourquoi y a-t-il urgence à construire une maison d’arrêt à Kisangani, qui n’a même pas été prévue dans le budget ? »telle est la principale question adressée aux trois ministres.

 

« Nous avons été à Kisangani : aucun site n’a été prévu pour la construction d’une prison. La population de Kisangani nous a dit que sa priorité, c’est l’amélioration de la desserte en énergie électrique. »

Il témoigne, par ailleurs, avoir été à Londres pour visiter « le fameux bureau de la société, dont six associés ont déjà quitté l’entreprise, et ce sont les deux aventuriers qui sont venus ici, en accointance avec Mutamba, Boji et Fwamba, qui ont réussi à faire décaisser du Trésor public un montant faramineux de 39 800 000 USD pendant cette période de guerre », déclare-t-il.

Le ministère des Finances avaitde son côté, réagi dans un communiqué qu’aucun paiement n’avait été effectué par le Trésor public, ni à travers un compte relevant de sa gestion, en rapport avec ce projet de construction d’une prison à Kisangani. Il a tout de même indiqué que ce dossier n’avait été pris en charge ni de près ni de loin par les services de son ministère. De son côté, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, avait lui aussi démenti tout détournement, en qualifiant de « fausses informations » toute allégation circulant sur Internet en rapport avec ce détournement.

Il convient tout de même de rappeler qu’en août 2024, l’ancien vice-ministre de la Justice, Bernard Takayishe, avait été arrêté pour un détournement présumé de 5 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kinshasa, suite à un rapport de l’Inspection générale des finances.

 Jean-Baptiste Leni

 

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