Lors du 35e conseil des ministres tenu vendredi 14 mars 2025, le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a annoncé une série de mesures fermes visant à lutter contre l'exportation illicite de minerais stratégiques en provenance du pays. Ces décisions s'inscrivent dans un contexte de tensions liées aux activités minières illégales et aux violations des chaînes d'approvisionnement, principalement par le Rwanda.
Le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a détaillé ces mesures adoptées, affirmant que l'objectif principal est d'obtenir la suspension de l'octroi du certificat pour les exportations en provenance du Rwanda. Cela, en attendant la conclusion d'un audit exhaustif des chaînes d'approvisionnement du pays voisin. L'audit devra remonter jusqu'à la source des minerais extraits en RDC, afin de faire la lumière sur les pratiques illicites.
Une autre mesure importante concerne la saisie et la confiscation des minerais exportés à partir du Rwanda. Le gouvernement congolais entend ainsi inciter la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) à agir conformément à ses propres normes. Il exige également une surveillance internationale indépendante des chaînes d'approvisionnement rwandaises, afin de garantir la transparence et la traçabilité des ressources naturelles.
Face à l'ampleur de l'exportation illicite de minerais dans les zones minières congolaises, notamment à Rubaya et Nyabibwe, le gouvernement congolais a déclaré ces sites comme étant des zones minières « rouges », en raison des pratiques illégales qui y prévalent.
À Rubaya par exemple, une étude révèle qu’une filière qui produit 400 tonnes de coltan et plus de 500 tonnes de cassitérite par semaine est ainsi totalement « rwandisée », et alimente directement les fonderies de Kigali, où elle est « blanchie » avec du coltan local pour devenir « made in Rwanda » avant son exportation.
D’après les experts des Nations-Unies, 150 tonnes de coltan sont exportées mensuellement vers le Rwanda depuis cette région. Il faut également rappeler que ces zones sont sous le contrôle du M23 depuis plusieurs mois, avant même que ces rebelles ne reprennent la province du Nord et Sud-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Le ministre Pakabomba a, par ailleurs, salué les récentes sanctions individuelles imposées contre les responsables du groupe armé M23 et les autorités rwandaises impliquées dans ces activités illicites. Il a également salué la réévaluation de l'accord sur les minerais stratégiques de l'Union Européenne, conclu avec Kigali en février 2024.
Jean-Baptiste Leni