Une délégation de cadres de la Direction Générale des Impôts (DGI) séjourne à Fribourg, en Suisse, pour participer au forum Suisse-RDC, organisé par le Centre d’Amitié Suisse-RDC en collaboration avec l’Institut du Fédéralisme. Cet événement se déroule sur cinq jours, du 10 au 15 mars 2025. La délégation est accompagnée de représentants du ministère des Mines, de l'Inspection Générale des Finances, et de l'Inspection Générale des Mines.
Placé sous le thème « Contrôle et gestion des ressources naturelles et minières dans la gouvernance décentralisée : enjeux et défis de contractualisation, de taxation et d’exploitation », le forum aborde la gestion des impôts sur les ressources naturelles et minières, dans le but de renforcer les recettes en République Démocratique du Congo.
Le forum a réuni plusieurs experts de renom, dont le Professeur Thierry Madiès de l’Université de Fribourg, qui a présenté les enjeux liés à l’imposition des ressources naturelles en Afrique, en particulier en RDC. David Staubli, économiste et représentant de l’Administration Fédérale des Contributions (AFC) en Suisse, a quant à lui discuté des particularités du système fiscal suisse, caractérisé par une large autonomie cantonale.
Dans son intervention, le Professeur Madiès a mis en évidence plusieurs défis majeurs, tels que la surexploitation des ressources, la volatilité des revenus associés, ainsi que la « malédiction des ressources », qui inclut la corruption, l’instabilité politique et le manque de diversification économique. Il a également souligné les avantages et inconvénients des approches centralisées et décentralisées en matière fiscale, présentant des modèles de redistribution fiscale comme outils potentiels pour gérer ces défis, selon un communiqué de la DGI.
De son côté, David Staubli a évoqué les particularités du système fiscal suisse, y compris les phénomènes liés à la concurrence fiscale, comme le « tri des revenus », et le rôle essentiel de la péréquation financière pour limiter cette concurrence. Il a également abordé les réformes en cours en Suisse, notamment l’introduction d’un impôt complémentaire sur les bénéfices et la transition vers une imposition individuelle des contribuables mariés.
La participation de cette régie financière est un atout important pour un pays comme la RDC, qui possède d'immenses richesses géologiques mais mobilise peu de recettes pour le développement local. Selon le budget national, la contribution du secteur minier aux recettes publiques attendues est d'environ 30 %, soit 16,9 milliards de dollars en 2025. Cette contribution est jugée insuffisante par plusieurs économistes, compte tenu de l'abondance des ressources naturelles du pays. Pendant ce temps, le PIB devrait se maintenir à 4,8 % sur 2025-2026, en raison de la ralentissement du secteur minier, selon une analyse de Bretton Woods.
« Ces assises ouvrent des perspectives intéressantes et constructives pour l’échange d’expériences et de bonnes pratiques en matière de gestion fiscale et économique des ressources naturelles en République Démocratique du Congo », a indiqué une source de la DGI consultée par Deskeco.
Jean-Baptiste Leni