Dans une correspondance adressée au président de la République démocratique du Congo et parvenue à Deskeco ce mardi 11 février 2025, Maître Molongi Obawoka, Kabatani Bakilo et Nzadi Yamokalo, tous magistrats au parquet de grandes instances à Kinshasa et Bulungu, dénoncent le détournement de 70 millions de Francs congolais, destinés au paiement de 2 500 magistrats nouvellement recrutés en attente de nomination par ordonnance présidentielle.
Ce groupe de magistrats reconnaît que, dans une lettre du ministre d’État en charge du Budget adressée au président de la Chambre basse, le Conseil supérieur de la magistrature a bel et bien reçu et détourné ces fonds destinés à la prise en charge de ces nouveaux magistrats recrutés.
« La lettre de Son Excellence Monsieur le ministre d'État en charge du Budget du 20 janvier 2025, adressée au président de l'Assemblée nationale, constituant une réponse à une question écrite dans son point trois de la conclusion, atteste que le CSM avait bel et bien reçu, détourné et escroqué le montant de 70.000.000.000 FC qui devrait servir à la paie de la dernière vague de 2 500 magistrats nouvellement recrutés en attente d'une nomination par ordonnance présidentielle », indique ce groupe de magistrats.
Ils rejettent, tout de même, la raison évoquée dans la même lettre, indiquant que le fonds serait utilisé pour l’amélioration du barème salarial des magistrats pour l'année 2024.
« Faute de cette dernière, le CSM aurait utilisé ces 70.000.000.000 FC pour améliorer le barème salarial des magistrats pendant l'année 2024. Ce qui constitue un gros mensonge, proche de la sorcellerie, dont fait montre ce comportement. Car, les pauvres magistrats n'ont jamais perçu un seul franc comme amélioration barémique en 2024 », peut-on lire.
Par ailleurs, ce groupe de magistrats exprime son inquiétude par rapport aux mauvaises attitudes que certains hauts magistrats adoptent envers leurs subalternes, et accusent les syndicats des magistrats de complicité dans ce détournement, au risque de perdre leur travail ou leur poste.
« Retenez bien qu’en RDC, aucun homme politique ne s'ingère dans la justice. Seuls ces hauts magistrats imposent à leurs subalternes des ordres et des comportements inappropriés à tout moment. En conclusion, tous les syndicats des magistrats, devenus de grands complices de ces détournements, ne peuvent plus dénoncer de tels cas, au risque de perdre leur poste de commandement ici dans la ville de Kinshasa.
À eux de prévenir :
« Un grand travail est en train de se faire par une grande majorité des magistrats pour un arrêt du travail dans les tous prochains jours, si le CSM ne parvient pas à affecter réellement ces 70.000.000.000 FC dans nos barèmes. »
Jean-Baptiste Leni