La Cour de cassation de Kinshasa a condamné, dans la nuit du 7 octobre, le premier président de la Cour d’appel du Haut-Lomami, Emmanuel Tombo Tombola, ainsi que les juges Moïse Kimbabi Duala et Nicolas Osthudi Asanga, à cinq ans de servitude pénale principale pour des faits de corruption et de blanchiment de capitaux. Ces trois hauts magistrats, chacun avec plus de trente ans de service, ont été reconnus coupables d’avoir perçu des pots-de-vin et d’avoir détourné des fonds, des infractions révélées au grand public par un enregistrement audio viral, où les juges se disputaient une somme de 35 000 dollars américains.
Ce procès en flagrance, entamé le 23 septembre dans la grande salle d’audience Marcel Lihau de la Cour de cassation, a marqué l’opinion publique. Le ministère public a rapidement ouvert une enquête après la diffusion de l’enregistrement, menant à l’arrestation des trois magistrats et à leur transfert à Kinshasa, où ils ont été jugés pour atteinte à la probité dans l’exercice de leurs fonctions.
Cette condamnation, saluée par l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ), est perçue comme un moment clé dans la lutte contre la corruption au sein du système judiciaire congolais. L’ACAJ a qualifié le verdict de "pédagogique" et "historique", estimant qu’il symbolise un tournant pour l’assainissement du milieu judiciaire en RDC. L’association prévoit de publier un rapport détaillé sur cette affaire le 12 octobre.
Le professeur Elie-Léon Ndomba Kabeya, premier président de la Cour de cassation, a réaffirmé l’engagement de l’institution à éradiquer les pratiques de corruption et a invité les citoyens à dénoncer toute sollicitation illicite. "Dès que nous avons des preuves, nous ne pouvons pas nous réserver à aller jusqu’au bout", a-t-il déclaré, insistant sur l’importance de la probité et de la responsabilité des opérateurs judiciaires. Il a également souligné que ce jugement envoie un message fort aux magistrats, greffiers, avocats, et autres acteurs de la justice en RDC.
Par ailleurs, la Cour de cassation continue d'instruire d’autres affaires de corruption, notamment à Kolwezi, où des avocats et justiciables sont également poursuivis.