RDC : Godé Mpoy évoque des facteurs à la base de l’inflation observée actuellement

Godé Mpoy,  président de l'assemblée provinciale de Kinshasa
Godé Mpoy, président de l'assemblée provinciale de Kinshasa
PAR Deskeco - 07 déc 2023 08:14, Dans Actualités

A la faveur d’un entretien réalisé ce mardi 7 décembre 2023 avec DESKECO.COM, le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa (APK), M. Godé Mpoy, a expliqué les différents facteurs exogènes et endogènes à la base de l’inflation galopante en République démocratique du Congo.

Parlant de facteurs endogènes, le président Godé Mpoy explique : « Ce qui nous empêche de vivre selon nos moyens, c’est notamment les échéances sociales et les échéances politiques. Le 20 décembre constitue pour la RDC une échéance politique parce qu’il y a des dépenses contraignantes. Et maintenant que toutes les dépenses sont faites en franc congolais, tous ceux qui sont bénéficiaires de ces paiements ont tendance à recourir vers le marché de devise pour s’acheter des dollars. C’est ce qui fait que nous avons nous-mêmes notre problème. C’est cette échéance politique qui fait qu’il y a des dépenses contraignantes qu’il faut impérativement engager. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a levé l’option d’effectuer tous les paiements en francs congolais. Et du coup, les bénéficiaires de ces paiements cherchent à avoir des valeurs refuges qui sont notamment les dollars. Grosso modo, c’est ce qui explique la vague d’inflations. Et lorsque vous faites une analyse comparative, vous allez voir que la RDC se débrouille quand-même relativement bien contrairement aux autres pays parce que le taux d’inflation par exemple en Turquie était arrivé jusqu’à 51%. En France pour la toute première fois était jusqu’à 8,5%. Et pourtant, généralement, la France, les Etats Unis, leurs taux d’inflation ne dépassaient jamais le seuil de 4%. Donc globalement, c’est l’environnement économique international ainsi que cette échéance économique qui fait qu’on puisse engager beaucoup de dépense ».

En parlant de dépenses contraignantes, M. Godé Mpoy fait donc allusion aux « dépenses liées à l’organisation des élections ». A ces dépenses contraignantes, il ajoute « l’effort de guerre et la campagne électorale pendant laquelle il y a une masse importante d’argent qui circule ». 

Des facteurs exogènes à l'inflation en RDC

En plus de ces facteurs endogènes qui sont récents, cet analyste économique évoque trois autres facteurs exogènes ayant un passé un peu lointain. Premièrement, il évoque des perturbations climatiques intervenues en Europe en avril 2019. Selon ses propres explications, « du fait de ces perturbations climatiques, les besoins en énergie augmentent. Alors devant cette réalité, les usines occidentales et asiatiques étaient elles-mêmes obligées d’augmenter les prix des biens et services. Or, la RDC a deux grands partenaires commerciaux, en l’occurrence l’Union européenne et la Chine. Et lorsque les prix des biens augmentent, du coup, nous (la RDC : ndlr) nous serons victimes de ce qu’on appelle en économie une inflation importée ». 

La deuxième vague, rappelle le pasteur Godé Mpoy, « c’est la pandémie de Covid-19. Là, c’est la Chine qui avait très mal géré la pandémie avec sa stratégie de zéro Covid-19 : chaque fois qu’une entité était atteinte, au lieu d’isoler seulement les personnes atteintes, la Chine, elle, confinait plutôt toute l’entité territoriale. Comme conséquence, les activités productrices étaient en berne. C’est ainsi que nous (la RDC : ndlr) avons connu de chocs d’offre, cette crise qui a fait qu’il n’y avait pas assez d’offres et au nom de la loi de l’offre et de la demande, c’était la deuxième vague de l’inflation ». 

La troisième vague, poursuit le président de l’APK, « c’est la crise géopolitique, notamment la guerre russo-ukrainienne. L’Union européenne a rompu avec la Russie, oubliant que les 40% de ses besoins n’étaient plus couverts par l’énergie russe. Et du coup, l’UE va commencer à s’approvisionner à partir de l’Inde. L’Inde, devant cette demande, a trouvé aussi une passerelle. Donc l’Inde importe de la Russie pour revendre à l’Union européenne. Ce trajet supplémentaire engendre également des coûts supplémentaires de transaction par rapport à ce qu’on observe comme surchauffe au niveau du marché. En fait, la monnaie congolaise a toujours été victime de ces trois facteurs perturbateurs ».

Au cours de la quatrième semaine du mois de novembre 2023, le rythme de formation des prix intérieurs s’est accéléré sur le marché des biens et services en République démocratique du Congo. L’inflation hebdomadaire est ressortie à 1,095 % contre 0,157 % la semaine précédente, selon la Banque centrale du Congo dans sa note de conjoncture.

Cette évolution résulte, selon la BCC, de l’augmentation du rythme de croissance de l’indice de toutes les fonctions de consommation, résultant de l’augmentation saisonnière de la demande de fin d’année.

En cumul annuel et en glissement annuel, le taux d’inflation s’est respectivement établi à 21,238 % et 22,955 % en République démocratique du Congo.

Professeur d'économie, ancien directeur aux « Douanes et Accises » (RDC), Godé Mpoy Kadima est aussi un acteur social et politique. Élu député provincial aux élections de 2018, il est actuellement président de l'Assemblée provinciale de Kinshasa. 

DESKECO

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