La RDC doit renforcer sa législation en matière de lutte contre la corruption (LICOCO)

Ernest Mpararo, Président du Conseil d'administration de la LICOCO
Ernest Mpararo, Président du Conseil d'administration de la LICOCO
PAR Deskeco - 12 juil 2022 08:39, Dans Actualités

La Ligue congolaise de lutte contre la corruption (LICOCO), une Ong de droit congolais et membre de Transparency International, exige que des mesures strictes soient prises afin de renforcer la lutte contre la corruption en République démocratique du Congo. Parmi lesquelles, le renforcement de la législation en la matière, des mécanismes de protection, de contrôle, de récupération des biens volés, etc.

Saisissant l’occasion de la Journée africaine de lutte contre la corruption, célébrée le 11 juillet de chaque année, la LICOCO a tenu un point de presse animé par son président du conseil d’administration, M. Ernest Mpararo (photo). Au cours duquel, il a rappelé que la RDC a ratifié il y a quelques trois mois, la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption. Pour cela, elle a des obligations à mettre en exécution en rapport avec cette convention.

« La corruption a des conséquences sur la vie des citoyens. Dans cet ordre d’idées, nous appuyons les gouvernements des États membres de l’Union africaine pour qu’ils renforcent leurs législations en la matière. Mais aussi leurs mécanismes de contrôle ; leurs mécanismes de protection des dénonciateurs des actes de corruption ; leurs mécanismes de récupération des biens volés… Les États parties doivent mettre en place tous ces mécanismes pour que la lutte contre la corruption profite aux citoyens africains et congolais en particulier », a-t-il déclaré.

Il a expliqué qu’au niveau de Transparency International, un communiqué a été lancé en rapport avec une lettre adressée à tous les responsables des États membres de l’Union africaine pour leur demander de renforcer les mécanismes de corruption, et plus particulièrement, dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.

« Comme vous le savez, il y a eu beaucoup de moyens qui ont été alloués pour lutter contre cette pandémie, mais on a constaté dans plusieurs états africains, que ces fonds ont été détournés ou utilisés abusivement », a-t-il renchérit.

M. Mpararo s’était aussi attaqué aux flux financiers illicites, des milliards de dollars américains qui sortent du continent en direction des pays occidentaux. Lesquels peuvent financer nombreux projets, a-t-il indiqué.

« Dans la lettre, nous insistons que les États parties ou les États membres de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, doivent publier dans le délai, les registres publics, créés et mis en ligne (sur internet) pour informer à qui veut le savoir, les propriétaires de différentes sociétés, les vrais actionnaires, des immeubles… La convention nous demande à ce que chaque pays puisse avoir un registre immobilier, qui retrace tous ceux qui achètent des immeubles. Mais, aujourd’hui en RDC, on n’a pas ces registres », a expliqué le Pca de la LICOCO.

Et d’ajouter : « Nous demandons à ce que les entreprises étrangères puissent publier tous leurs véritables propriétaires pour qu’on puisse savoir est-ce qu’il n’y a pas de personnes politiquement exposées qui sont actionnaires dans ces entreprises. La plupart de gens qui détournent l’argent de l’État, le cachent soit dans les immobiliers, dans les actions, etc., pour qu’on ne puisse pas les identifier. Lorsque ces véritables propriétaires sont publiés, on peut dénoncer ou informer les autorités pour que des enquêtes soient menées ».

La LICOCO exige aussi que les processus de passation des marchés soient transparents. « En RDC, la loi demande à ce que, même au niveau des communes, qu’il y ait des cellules de passation des marchés. Pourtant, il n’y en a pas. C’est tout un problème », a dit M. Ernest Mpararo.

Et de marteler : « Donc, en tant que membre Transparency International, nous demandons à ce que les gouvernements des États membres de l’Union africaine puissent avoir des processus de passation des marchés transparents. On demande aussi à ce que les secteurs à risque comme celui de l’immobilier, qu’on puisse avoir un registre des immobiliers. Puisque la plupart des fonds détournés on les blanchit dans l’immobilier ».

La LICOCO demande encore à ce que les sanctions appropriées soient prises contre toutes les personnes coupables des actes ou des pratiques de corruption. « En RDC, des gens sont emprisonnés, il y a eu des jugements. Mais par après, une année ou deux ans, on les libère. C’est vraiment une régression. Au niveau de LICOCO, nous pensons que les sanctions appropriées constituent un des mécanismes pour lutter contre l’impunité liée aux pratiques de corruption », a déclaré M. Mpararo avant de répondre à quelques préoccupations des journalistes.

Au cours de cet échangé, il a lâché que jusqu’à présent, la RDC n’a pas avancé par rapport à la lutte contre la corruption. « Si l’on regarde l’indice de perception de la corruption, la RDC se place toujours et encore parmi les 20 pays les plus corrompus du monde. Et cela, depuis plus de cinq ans, malgré tout ce qu’on fait comme lutte. Parce que la législation est incomplète, il n’y a pas de volonté politique, les hommes politiques ne s’engagent pas à lutter contre la corruption », a-t-il affirmé.

Lepetit Baende

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