Il est facile de se laisser décourager par les perspectives de la RDC en écoutant attentivement ce que le président Tshisekedi, les passagers dans la salle d’attente de l’aéroport de Ndjili et le duo « MPR » ont à dire sur l’état actuel de la nation.
Pire encore, juxtaposer la conversation entre les membres de l’élite congolaise sur leurs espoirs et leurs aspirations avec la place de la RDC dans les classements socio-économiques mondiaux est à la fois dégoûtant et traumatisant.
Après avoir disséqué la symbiose politique congolaise, il y a beaucoup à dire sur la motivation primitive des guides et la paresse émotionnelle des guidés. Autrement-dis, les politiciens paraissent être insouciants de leur héritage de la même manière que les mortels congolais sont indifférents au manque de boussole morale et sophistication dans les objectifs de l’État à tous les niveaux.
Mais encore, dans nos dialogues, nous négligeons un point beaucoup plus important et un vilain très vicieux dans le débat. Le vrai problème, ce ne sont pas les pauvres eux-mêmes, et ce n’est pas la société.
Y a-t-il une meilleure façon de lutter contre la pauvreté dans ce pays que ce que nous avons fait ? Pourquoi les congolais sont-ils pauvres ?
Le grand mur c’est d’abord la façon dont nous définissons l’objectif. Il faudrait plutôt poser le problème avec une obsession sans pareille : Pourquoi les congolais sont-ils pauvres en RDC ? Mieux encore, y a-t-il une meilleure façon créer des fortunes et une classe moyenne dynamique congolaise, ou des millionnaires congolais comme certains ont incrusté le résultat net, dans ce pays que ce que nous avons fait ?
Bien sûr !!
Pour ce faire, nous avons davantage besoin d’un boom économique que de croissance. Toutefois, rien n’a sorti plus de personnes de la pauvreté que le boom économique lorsqu’ils sont réalisés de manière moderne. En d’autres termes, cela ne sortira les gens de la pauvreté ou élargir et enrichir une classe moyenne que s’il est inclusif, si tout le monde peut participer à une économie en croissance vertigineuse.
Ensuite, ce qu’il faut vraiment faire, c’est examiner sans froid ou sans se froisser nos nerfs ce qui empêche les Congolais en RDC de briser le l’humiliation sociale et de se générer une sécurité économique.
En 1981, Ronald Reagan a déclaré aux Américains : « Le gouvernement n’est pas une solution à notre problème ; le gouvernement est le problème. »
Une question centrale abordée sous plusieurs angles : Pourquoi le gouvernement est-il le problème ?
Dans le cas de la RDC, il existe plusieurs raisons.
À la racine de beaucoup se trouvent l’intérêt bureaucratique qui se marrie aux ambitions politiques primitives en conflit avec l’intérêt public. Toutefois, comment on définit qui est congolais, le mode de sélection ou de participation politique (vote indirect ou de liste) et du système de gouvernement (semi-présidentiel) aggravent cette faille.
Compte tenu de la motivation des tshisekedistes et les regards coloniaux sur le développement social et économique d’une nation qui ont une forte emprise sur leur état d’esprit, donner de l’argent et du pouvoir au gouvernement revient à donner du whisky et des clés de voiture à des adolescents.
Nelson Mandela dit que « la pauvreté est créée par l’homme ». Cependant, pendant la majeure partie de l’histoire, l’homme était désespérément pauvre. La pauvreté est l’état naturel de l’humanité. En fait, ce qui est véritablement créé par l’homme, c’est la prospérité.
Et en mettant en œuvre des solutions ou des astuces modernes qui impliquent un meilleur accès au crédit aux jeunes commerçants et entrepreneurs, plus de liberté, une mise à jour sur la qualité et l’orientation de l’éducation au 21e siècle, et réduire la taille et réduire l’implication de l’État si pas dissoudre toute la fonction publique, nous pouvons créer une prospérité qui profite à tous et à chaque partie de notre nation.
Alternatives
Au lieu de ce que l’on peut prédire un autre gâchis et un tas de nouveaux scandales dans le placard de ce régime dû à la maigreur financière du Programme de Développement à la base des 145 territoires par rapport au besoin réel ajouté à l’esprit des pilotes, quelle aurait été le mode moins décevant de sa mise en œuvre ? Simplement accorder très vite sous forme de microcrédits ne dépassant pas 10 000 $ à des commerçants et entrepreneurs locaux.
Une autre façon, si le président voulait être gravé dans l’or dans les livres d’histoire, était d’utiliser le milliard de dollars pour organiser des élections locales qui ont longtemps été ignorées mais très cruciales pour la refonte des idées et du leadership politique.
Qu’aurait-il fallu faire à la place de l’enseignement gratuit ? Programme de cantines scolaires qui oblige les écoles à s’approvisionner en produits et services localement. Les implications sur l’écosystème social et économique local devraient être claires pour tout commun mortel.
Il convient de noter que la qualité importe plus que l’accès gratuit à l’éducation et aux soins de santé.
Concernant l’accès, les Congolais n’ont pas besoin d’être traités comme des bébés ; créer un écosystème où chacun peut se permettre une éducation et des soins de santé à la norme universelle d’une manière louable est la solution.
En matière de soins de santé universels, des nouveaux schémas de retraite dignes devraient plutôt être l’obsession.
Concernant l’Est de la RDC, le chef de l’Etat est en panne d’idées après l’instauration de la phase militaire de l’état de siège. Pépite gratuite : hé patron, déplacez la capitale du Nord-Kivu de Goma à Beni, en Ituri de Bunia à Aru, et au Sud-Kivu de Bukavu à Shabunda.
Tic tac
Le passage du président Tshisekedi à la tête de l’Union africaine sera certainement écrit comme une occasion en or manquée de faire de la RDC le déclencheur de la révolution sociale, politique et économique africaine, comme tant d’âmes sur le continent l’espérait.
Tandis que les congolais, surtout les jeunes âmes, semblent avoir perdu confiance dans la capacité du président Felix Tshisekedi comme ce fut le cas du sénateur à vie, M. Joseph Kabila, et de notre déforme démocratique à briser le cauchemar social, économique et politique du peuple congolais.
A ce stade, en plus de manquer de temps, il n’a pas de modèle adéquat et pas de cliques appropriées pour garnir son mandat et/ou sauver son héritage. En termes de progrès social et développement économique d’une nation, ayant le même péché que son prédécesseur tout comme les académiciens présumés à tort être des intellectuels, il n’est idéologiquement pas moderne, pour ne pas dire mature.
Pour lui, la solution est toujours le gouvernement ou, disons, la république de la Gombe. Le Premier ministre Sama est entièrement d’accord avec lui. Le dernier boom des nouvelles agences et la taille du bataillon de ses acolytes en sont la preuve.
Tristement, Martin Fayulu, le médusé Moise Katumbi, ou le FCC, ceux qui constituent l’opposition par défaut, qui auraient dû être ses outils d’appréciation ou de contrexpertise pour la nation ont bien plus de mal à jouer leur rôle attendu.
Cap 2023
Le rôle d’un parti politique ou d’un acteur politique n’est pas d’acquérir/conquérir le pouvoir pour le plaisir ou pour la défense les intérêts d’une tribu ou autorité moral. Il s’agit de mettre en œuvre/d’imposer ce qu’un groupe pense être la meilleure/bonne façon d’améliorer la condition sociale et économique de sa circonscription ou de sa nation.
Il ne faut pas s’attendre à un miracle tant qu’on n’a pas perdu la mauvaise habitude de mettre la charrue avant les bœufs et de vouloir banaliser les fondamentaux du développement social et économique d’une nation.
Quand on se rend compte que la voiture ne démarre pas toujours, on s’empresse d’ouvrir le moteur, changer de pneus, d’acheter des bougies d’occasion, d’ajouter de l’essence souvent de mauvaise qualité ou remplir le réservoir de mazout sans faire attention, ou tout simplement on a recours à tous les voisins pour pousser la voiture, qui en profite pour sauter dedans en descendant la pente à grande vitesse sans contrôle. Et tout ceci sans vérifier au préalable si la batterie est chargée.
Encore une fois, pire que colonial, c’est moyenâgeux de penser que l’agriculture est la clé pour sortir la RDC de son marasme social et économique. Et de même que l’état primitif de la définition de la « congolité » ou disons les bases de la nationalité congolaise fait obstacle à faire de ce qui regorge de son sous-sol un des ingrédients de la solution.
Aux Congolais dans et hors du pays de faire de 2022 une croisade pour affiner la qualité de notre dialogue et de nos inspirations tout comme nos aspirations qui est le seul moyen de faire des élections en 2023 un véritable marché d’idées au lieu d’une autre compétition entre clowns et nains intellectuels.
Jo M. Sekimonyo – auteur, théoricien, militant des droits de l’homme et économiste politique