Pointé du doigt par l’Inspection Générale des Finances (IGF) dans ce dossier, Augustin Matata Ponyo Mapon est revenu de Conakry et se trouve à Kinshasa. Il a décidé d’écourter son séjour de travail, a t-il dit, pour faire face « à une justice politiquement instrumentalisée ». Il clame toujours son innocence et se dit « fier d’avoir servi » son pays « dans la transparence ». L’ancien Premier ministre, dit croire en la force de la vérité. Il avait le choix de ne pas rentrer, mentionne t-il, mais il a opté pour la transparence parce que « par amour à la RDC, certains d’entre nous doivent avoir le courage de braver l’injustice ». Voir Matata Ponyo à la barre passe d’abord par le sénat: son immunité parlementaire doit être levée pour permettre à la justice de poursuivre son action à la suite de l’enquête de l’IGF.
Selon le rapport de l’IGF, Matata Ponyo est l’auteur intellectuel du Parc Agro-Industriel de Bukanga Lonzo, à travers la conception, la planification et les engagements pour paiements de plus de 83% de fonds décaissés directement aux comptes du partenaire Sud-Africain et ses filiales, logés en République Sud-Africaine; et de la société MIC Industries qui n’a pas été reconnue comme le gestionnaire AFRICOM parmi les fournisseurs. Il lui est également reproché le choix du parteanire sud-africain qui n’avait que trois ans d’existence au moment de la signature des marchés publics.
Pour l’entourage de l’ex-Premier ministre, cette accusation ne repose sur aucun fondement juridique.
« Il est vrai que le Premier Ministre Matata Ponyo Mapon, sous l’autorité du Chef de l’État, Joseph Kabila, a impulsé ce projet, mais il n’en était pas l’opérateur. Le choix de la société sud-africaine AFRICOM a été le fait de Madame Ida Naserwa, Conseillère Agriculture à la Primature devenue ensuite Directrice Générale de la société PARCAGRI (gestion et aménagement du Parc) », dit un proche de Matata Ponyo.
Il ajoute:
« Par ailleurs, il convient de rappeler que les paiements en provenance du Trésor Public ne sont jamais opérés par la Primature mais par le Ministère des Finances, en l’occurrence le Ministre Yav Mulang alors en fonction. Si des malversations et des surfacturations ont eu lieu, c’est donc de ce côté qu’il faut chercher".
Pour l’équipe du sénateur, la vraie débâcle de Bukanga Lonzo intervient après le départ de Matata Ponyo Mapon de la Primature en décembre 2016, avec l’arrêt brutal des paiements par le Trésor Public, ce qui a entrainé le départ d’AFRICOM et donc la « gabegie Bukanga Lonzo ». Jusqu’en décembre 2016, Bukanga Lonzo était en activité.
Matata est également accusé d’avoir détourné plus 7 millions USD pour l’achat de l’Utimate Building Machine pour le compte de Bukanga Lonzo alors que le paiement n’a pas été reconnu par AFRICOM qui était le partenaire de l’Etat congolais, qui passait toutes les commandes des équipements et intrants. Selon l’IGF cet équipement n’a jamais été livré au parc.
« C’est tout simplement faux. Dans un courrier daté du 27 mars 2019 à l’attention du Premier Ministre (Copie au Chef de l’État), le Ministre de l’Industrie, Marcel Ilunga Leu, certifie que ces équipements ont bien été livrés et qu’ils sont toujours sur site, dans 7 containers, et que le matériel est « intact et disponible », ajoute un autre proche du sénateur qui soutient que cet élément démontre la nature politique du rapport de l’IGF qui a construit des accusations sans fondement. Nous sommes dans la manipulation grossière et la diffamation.
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