La ville côtière de Muanda dans la province du Kongo Central fait face à une érosion de sa côte au bord de l’Océan Atlantique. C’est le président du Conseil économique et social (CES), Jean Pierre Kiwakana, qui l’a alerté le jeudi dernier à l’ouverture de la session d’avril.
« Autrefois un paysage de carte postale ; aujourd'hui la Ville de Muanda est frappée par l'érosion côtière. Un cauchemar pour les populations qui voient leur habitat de plus en plus menacé par l'avancée de la mer sur les terres; un phénomène d'origine naturelle, aux causes multiples et qui, jusqu'à récemment, se régulait de lui-même. L’une des causes principales est sans doute l'élévation du niveau de la mer due au réchauffement de la planète », signalait Jean-Pierre Kiwakana dans son discours d’ouverture de la session d’avril.
A l’en croire, les impacts liés à l’érosion côtière sont essentiellement d’ordre social et économique. Sur le plan social, les populations affectées se retrouvent en général dans une situation précaire et à terme, risquent de devenir des refugiés climatiques dans leur propre pays. Sur le plan économique, les activités comme la pêche sont affectées. Le secteur du tourisme, essentiellement balnéaire, est lui aussi très affecté ; les hôtels situés sur la côte ont perdu l’essentiel de leurs plages.
« Pour atténuer les effets néfastes de l’érosion côtière à Muanda, le Conseil Economique et Social encourage les efforts en cours du Gouvernement avec l’accompagnement des partenaires dont le PNUD, la GEF pour renforcer davantage la résilience des populations afin de les rendre capables de faire face aux changements climatiques (construction d’ouvrages de protection en dur, mais aussi par des solutions, en harmonie avec la nature, comme la plantation des bambous et des roseaux) », a suggéré le président Jean-Pierre Kiwakana.
Il estime qu’au-delà des engagements des partenaires, la responsabilité politique et économique revient d’abord à l’Etat Congolais à qui il revient de droit le « devoir de protéger la côte de Muanda dont l’importance stratégique n’est pas à démontrer ». Muanda, c’est la seule sortie de la République Démocratique du Congo vers l’océan grâce à laquelle la RDC avec ses 40 km de côte empêche le pays d’être enclavé.
« Spécifiquement pour ce qui est de l'érosion côtière, il y'a nécessité de construire une barrière naturelle mais surtout sauver les mangroves qui sont l'une des zones riches en biodiversité et en stocks carbone. Malheureusement plus de 45 % de leurs superficies sont perdues au cours des 20 dernières années », estime le CES.
Tout aussi, faudra-t-il réfléchir sur la pertinence des interventions existantes, le rôle que doivent jouer les communautés locales et sur le modèle de gouvernance prospective la RDC devrait se doter pour bâtir son modèle de développement résilient au changement climatique, sobre en carbone, mais surtout inclusive et bénéfique pour ses populations.
De l’avis de Jean-Pierre Kiwakana, l’enjeu climatique se doit d’être considéré dans l’approche de planification du développement national de manière générale ainsi que de chaque secteur de manière spécifique.
« Il est donc urgent de reconsidérer la manière d’appréhender l’enjeu climatique qui, à ce jour, continue malheureusement d’être abordé comme une question sectorielle et écologique et non comme l’axe central de planification du développement du présent et du futur », pense-t-il.
Il sied de rappeler que le gouvernement s'est doté d'un programme communautaire de riposte à l'urgence climatique 1 milliard d'arbres 2023, visant à restaurer 3 millions d'hectares, sauver 1 million d'hectares de forêt primaire et conserver 10 millions d'hectares de coffres-forts carbone comme les mangroves, tourbières, forêts denses, etc.
DESKECO