Le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Déogratias Mutombo, a proposé, le vendredi 6 novembre lors de la traditionnelle conférence de presse tenue à l’issue de la réunion du Comité de politique monétaire, deux pistes pour renforcer la résilience de l’économie nationale face à cette deuxième vague de la pandémie de covid-19 qui risque de perturber les chaines d’approvisionnement et les débouchés économiques sur le marché international.
Pour le patron de la BCC, le gouvernement doit user de deux instruments à savoir : 1. Maintenir l’équilibre des comptes budgétaires par le respect strict du Plan de Trésorerie en ce dernier trimestre ; 2. Prendre des mesures économiques pour renforcer la stabilité et stimuler la reprise économique tout en ayant à l’esprit l’impératif d’approvisionner les grands centres du pays en produits de grande consommation.
« Nous sommes aujourd’hui le 6 novembre, nous avons encore en termes des perspectives les mois de novembre et décembre. Je pense même qu’il faut ajouter le mois de janvier parce que ce sont des mois, sur le plan finances publiques, qui sont difficiles. Nous avons l’engagement de maintenir l’équilibre des comptes publics surtout des comptes du budget pour préserver la stabilité du cadre macroéconomique et assurer la stabilité des prix intérieurs. Nous ne sommes pas un pays riche. Nous ne pouvons pas nous permettre une dépréciation du pouvoir d’achat de la population qui vit déjà dans des conditions difficiles. Donc, nous devons à tout prix œuvrer pour le maintien de la stabilité », a déclaré Déogratias Mutombo, commentant la conjoncture économique nationale en ce dernier trimestre 2020.
Tout aussi, le gouverneur de la BCC a alerté que cette deuxième vague de la pandémie de coronavirus est plus brutale que la première et est sujette à des incertitudes au plan économique. En effet, on ne sait jusqu’à quand va durer cette seconde vague de covid-19. De même, l’on ne sait pas s’il y aura ou pas perturbation dans les chaines d’approvisionnement au niveau international alors que la RDC dépend énormément de ses exportations des matières premières et même des importations des produits vivriers.
« Il y a la deuxième vague de la pandémie qui est même beaucoup plus brutale que la première en occident. Vous connaissez vous-mêmes notre vulnérabilité à ces chocs extérieurs et notre indépendance au secteur informel. Ces chocs vont encore affecter nos économies. Donc, il faut renforcer la résilience intérieure. Et là, l’instrument budgétaire est fondamental. Malgré les difficultés qui vont être beaucoup plus important pendant cette période, nous devons tenir à stabiliser le cadre macroéconomique. Et pour ce faire, le Plan de trésorerie du gouvernement devra être un Plan de contingence des dépenses publiques en fonction des recettes. Les dépenses non contraignantes doivent en principe être gelées et n’être alignées qu’en cas des recettes supplémentaires. Tout éventuel déficit public ne peut être couvert que par les émissions des Bons du Trésor, pas par les avances de la Banques centrales. Ça c’est proscrit. C’est le premier volet des mesures », a dit le gouverneur de l’Institut d’émission.
Face à cette deuxième de covid-19, Déogratias Mutombo propose au gouvernement d’élaborer un second Plan de riposte en mettant l’accent sur la composante économique sans négliger le volet sanitaire étant donné qu’il y a toujours des Congolais qui continuent à s’infecter.
« Le deuxième volet des mesures à prendre dans ce dernier trimestre et même au début 2021de l’année prochaine, étant donné cette reprise de la pandémie, nous devons mettre en place un second Plan de riposte dont la composante économique devra être beaucoup plus importante. Je ne dis pas qu’il faut négliger le volet sanitaire alors que nous avons toujours des cas de Covid. Il faut un second plan de riposte. Et en perspective de ce second plan de riposte, il est utile qu’il y ait des concertations entre le gouvernement et le monde des affaires. Nous devons nous mettre d’accord sur des mesures de soutien à l’économie, sur des réformes précises qui peuvent nous aider à renforcer la résilience interne de notre économie », a-t-il insisté.
Par ailleurs, Déogratias Mutombo a indiqué que le gouvernement est tenu de maintenir la stabilité du cadre macroéconomique, non seulement pour préserver le pouvoir d’achat de la population, mais aussi dans la perspective des prochaines négociations avec le FMI pour une Facilité élargie de crédit qui devra ouvrir la voie à la signature d’un Programme triennal avec cette institution de Bretton Woods.
Amédée Mwarabu