RDC : Global Witness et PPLAAF accusent Dan Gertler de contourner les sanctions américaines par un réseau de blanchiment d'argent

Dan Gertler
PAR Deskeco - 02 juil 2020 08:55, Dans Actualités

Dans une nouvelle enquête, menée conjointement par Global Witness et la Plateforme de Protection des Lanceurs d'Alerte en Afrique (PPLAAF), le milliardaire israélien, Dan Gertler, est indexé d'avoir utilisé un réseau international de blanchiment d'argent pour tenter de se soustraire aux sanctions américaines et continuer à mener des affaires en RDC. 

L'homme d'affaires Dan Gertler, sous sanctions américaines depuis 2017, est de nouveau pointé du doigt par deux Organisations internationales qui l'accusent  d'avoir utilisé un réseau de blanchiment d'argent, s'étendant de la République Démocratique du Congo  jusqu'à l'Europe et Israël, pour échapper aux sanctions américaines contre lui, faire transiter des millions de dollars vers l'étranger et acquérir de nouveaux actifs miniers en RDC. C'est ce que révèlent aujourd'hui Global Witness et PPLAAF dans leur enquête conjointe intitulé  "Des sanctions, mine de rien".

"Les nouvelles preuves que l'enquête a permis de rassembler mettent en évidence les rouages de l'empire commercial complexe de Gertler et révèlent un système apparemment conçu pour dissimuler des versements et dépôts pouvant aller jusqu’à plusieurs millions de dollars. Ce système aurait permis à Gertler de continuer à tirer d'énormes profits de ses activités commerciales en RDC, malgré les sanctions à son encontre imposées par les États-Unis en décembre 2017 suite à ses "contrats miniers et pétroliers opaques et entachés de corruption"", notent les deux ONGs dans leur rapport publié aujourd'hui.

Rappelons que les sanctions contre Gertler, ami personnel et proche de Joseph Kabila, président de la RDC entre 2001 et janvier 2019, lui interdisent de faire des affaires avec des citoyens, banques ou entreprises américaines. 

"Cette enquête offre un aperçu sans précédent sur les méandres d’un montage international de grande envergure apparemment destiné à contourner les sanctions américaines et blanchir des fonds", a déclaré Margot Mollat, responsable de campagne chez Global Witness.

"Les conclusions du rapport suggèrent que Gertler, avec l'aide de mandataires, a relocalisé en RDC ses sociétés qui étaient basées dans des paradis fiscaux opaques. Gertler et son réseau de mandataires ont ensuite ouvert des comptes bancaires dans les succursales congolaises d'Afriland First Bank, basée au Cameroun. De nouveaux noms ont progressivement fait leur apparition sur des registres des sociétés et comptes bancaires connectés à Gertler de manière subtile et diverse. L’un de ces noms était notamment celui d'un individu impliqué dans une fraude à la TVA sur la taxe carbone qui a coûté 5 milliards d'euros à l'Union Européenne.

Au total, entre juin 2018 et mai 2019, au moins 100 millions de dollars ont transité par des comptes bancaires associés à ce réseau. Une grande partie des montants en question était libellée en dollars américains, malgré les sanctions américaines, et près de 70% des fonds ont été déposés en liquide sur des comptes apparemment liés à Gertler ou ses associés", soutient le rapport.

Parmi les transactions révélées, au moins 21 millions de dollars ont été envoyés sur des comptes inconnus détenus en dehors de la RDC et 25 millions de dollars ont été versés à la Gécamines.

Gertler, ainsi que d'autres individus et entreprises au sujet desquels Global Witness et PPLAAF ont trouvé des preuves indiquant des efforts concertés pour contourner les sanctions américaines, ont tous vigoureusement nié toute tentative en ce sens. "Ils affirment tous avoir exercé leurs propres activités commerciales légitimes et ne pas avoir agi au nom de Gertler", precise le rapport. Il n'y a pas eu, affirment-ils, de tentative ou de conspiration pour échapper aux sanctions. 

De même, Glencore, Sicomines et ERG nient également avoir commis le moindre acte répréhensible, y compris le fait d'avoir fait des affaires avec Gertler en violation des sanctions américaines.

Pour Global Witness et PPLAAF, ces révélations mettent en évidence des lacunes et des défaillances critiques dans les mécanismes d'application des sanctions financières et de la lutte contre le blanchiment d'argent.

Amédée Mwarabu

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