Les membres de l’observatoire de la dépense publique (ODEP) ont analysé le fond et la forme du programme multisectoriel d’urgence d’atténuation des impacts de la Covid-19 en République démocratique du Congo (PMUAIC), lancé le 18 juin 2020 par le Président de la République Félix Tshisekedi à l’hôtel Pullman à Kinshasa.
L’ODEP note avec satisfaction la prise en compte par le gouvernement de sa recommandation du 1er avril 2020, sollicitant la mise en place d’un programme d’urgence multisectoriel pour lutter contre la Covid-19.
Toutefois, l'ODEP déplore des inquiétudes qui demeurent sur la forme et le fond dudit programme.
Sur le plan de la forme, à en croire l'ODEP, le PMUAIC a été lancé en violation de la loi régissant les finances publiques en République Démocratique du Congo.
" Ce programme représente la tranche annuelle des investissements publics contenue dans la loi de finances 2020, car évalué à 2,6 milliards USD. Il modifie d’office la loi de finances Initiale. Par conséquent, le Premier Ministre aurait dû solliciter un collectif budgétaire au Parlement conformément aux articles 26 et 27 de la loi relative aux finances publiques de juillet 2011. En persistant dans cette voie, le PMUAIC violerait le principe de l’annualité budgétaire. Nous rappelons que les congolais ont encore en esprit les douleurs causées par la gabegie financière orchestrée par le programme des 100 jours, dont les résultats peinent à convaincre et qui a montré ses limites ; car, lancé dans les mêmes conditions, en mars 2019 dans la commune de Limete, en lieu place du Parlement autorité budgétaire", renseigne le communiqué de l'ODEP.
Pour éviter toute hémorragie des finances publiques, l'ODEP recommande ce qui suit : - Au Président de la République : de veiller au bon fonctionnement des institutions et à respecter les dispositifs règlementaires des finances publique en RDC ; - Au Premier ministre : de présenter en urgence un collectif budgétaire, dans lequel sera intégré PMUAIC ; - Au Parlement : d’interpeler le premier Ministre afin que ce dernier soumette ledit programme à l’autorité budgétaire conformément à la constitution et la loi relative aux finances publiques, pour éviter que le pire n’arrive.
Jordan Mayenikini