La RDC fait partie de ces pays africains qui n’ont pas de réserves alimentaires stratégiques. Pire le pays est extraverti sur le plan de l’approvisionnement en produits alimentaires pour satisfaire la demande intérieure. La RDC devrait capitaliser cette crise sanitaire de covid-19 pour réorienter en urgence des fonds conséquents dans le secteur agricole : culture des produits vivriers, intensification de l’élevage et de la pêche. Car, une crise alimentaire causée par la carence des produits alimentaires ferait énormément de dégâts dans les populations.
Les experts africains ont réfléchit, au cours d’un webinaire organisé les 19 et 20 mai derniers par l’Institut africain de développement (ADI) sur la thématique « Renforcer la résilience des systèmes alimentaires et des chaînes de valeur agricoles : les réponses en matière de politiques agricoles face au COVID-19 en Afrique ». Les participants, plus de 770 experts de 57 pays, ont analysé les effets de la pandémie sur les systèmes agroalimentaires d’Afrique et ont formulé des recommandations afin de rendre les politiques plus résilientes et performantes.
Cet échange, qui est le deuxième d’une série organisée par la Communauté mondiale de pratiques (G-CoP) de l’ADI visait à apporter aux pays membres du Groupe de la Banque africaine de développement des orientations dans le choix des politiques.
Il ressort de ces cogitations que les pays africains doivent en urgence accroître leurs réserves alimentaires, maintenir leurs approvisionnements, et augmenter leurs budgets en faveur de l’agriculture afin d’éviter une crise alimentaire en partie causée par la pandémie de COVID-19.
« L’Afrique doit à présent, et plus que jamais, élaborer et mettre en œuvre des politiques visant à renforcer ses capacités à affronter la concurrence dans le secteur agricole, la transformation des matières premières, le commerce et l’industrie », ont-ils insisté, rapporte afdb.org.
Parmi les solutions proposées par les participants il y a « la promotion des activités de recherche, le relèvement des capacités et le développement des échanges agricoles régionaux, la Zone de libre-échange continentale africaine qui représentent une voie menant vers des chaînes d’approvisionnement alimentaire régionales résilientes ».
Tout aussi, les experts ont-ils demandé la création de fonds nationaux permettant l’accélération de la productivité agricole afin d’aider les petits agriculteurs et les PME à accroître leur production.
En soulignant que la pandémie de COVID-19 avait accéléré la transition vers la quatrième révolution industrielle, les participants au webinaire ont également appelé les gouvernements africains à intensifier le développement des technologies de production agricole, notamment par les initiatives du secteur privé, afin de renforcer la résilience et l’autosuffisance du secteur.
Aux gouvernements, les participants ont recommandé « d’accorder la priorité aux secteurs de l’agriculture et de l’agro-industrie dans leurs programmes de sécurité nationale à travers la mise en œuvre de réformes structurelles». Parmi les réformes proposées figure notamment la fusion des ministères de l’Agriculture, de la Santé, du Commerce, de l’Industrie et de l’Environnement en un « ministère de la Santé ».
Pour les participants, l’introduction de barrières commerciales ou non commerciales n’est pas une politique bienvenue en Afrique, en particulier pendant les pandémies. Ils ont donc appelé l’Afrique à « établir des couloirs verts et des systèmes alimentaires nationaux et à maintenir ouvertes les chaînes d’approvisionnement alimentaire interrégionales ».
Les participants ont fait ressortir que l’insécurité alimentaire avait été un problème avant la pandémie, car de nombreux pays manquent de réserves alimentaires stratégiques adaptées. D’autres problèmes, notamment le changement climatique, la pénurie d’eau et l’existence de marchés agricoles peu développés, ont également été soulevés. Ces facteurs pourraient faire bien plus de morts en Afrique que la pandémie de COVID-19 si les blocages persistent sans que ne soient éliminés les « goulets d’étranglement » de la chaîne d’approvisionnement alimentaire pour les personnes vulnérables.
« Sans la pandémie de COVID-19, une grande partie des nôtres souffrait déjà de la faim. La pandémie a aggravé la situation. Appelons cela une situation d’urgence pour la production alimentaire et ne ratons pas cette occasion », ont-ils indiqué, comparant cette situation à « une guerre silencieuse contre les populations les plus vulnérables sans utilisation d’armes ».
Notons que ce webinaire a été organisé en partenariat avec l’Association africaine des économistes agricoles (AAAE). Il a réuni des intervenants venant de la Banque mondiale, de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), d’universités spécialisées dans l’agriculture et d’instituts et de réseaux de recherche sur les politiques agricoles. L’Institut africain de développement (ADI) est le point focal de la Banque africaine de développement.
Amédée Mwarabu