RDC: la CENCO dénonce l'indifférence du gouvernement face à la pauvreté des populations et l'enrichissement scandaleux "d'une poignée d'acteurs politiques"

évêques
PAR Deskeco - 03 mar 2020 10:22, Dans Actualités

Dans le message de la CENCO publié le lundi 2 mars, les prélats catholiques ont livré deux messages principaux : « 1. La RD Congo n’est pas condamnée à rester toujours dans la pauvreté, dans la mauvaise gouvernance, dans la corruption, dans les violences et dans tant d’autres maux et antivaleurs ; 2. Le Peuple attend, de la Coalition au pouvoir, l’amélioration de ses conditions de vie. Cela ne peut advenir qu’avec le changement de nos cœurs, de nos mentalités et de nos pratiques ».

Lu par le Secrétaire Général de la CENCO, l’abbé Donatien Nshole, devant la presse, ce message intitulé « Coalition pour quel but » relève du constat fait par les Evêques de l’église catholique selon lequel « Beaucoup de problèmes auxquels le pays est confronté restent sans solutions adéquates, à cause de la crise qui mine la Coalition ». Dès lors pour la CENCO, « Il est inacceptable que le pays soit pris en otage par un accord qui, du reste, est occulte ».

Restant objectifs, les prélats catholiques ont, dans le message, commencé par indiquer les acquis de cette alternance démocratique notamment « l’avènement de cette alternance démocratique obtenue aux prix du sang ; les initiatives des Gouvernants qui vont dans le sens du service du Peuple, notamment la mise en œuvre effective de la gratuité de l’enseignement de base, les efforts de régularisation de la paie des enseignants, les perspectives de lutte contre la pauvreté ;  les avancées significatives sur le plan de la décrispation politique et de la libéralisation de l’espace médiatique ; sur le plan diplomatique, la RD Congo retrouve progressivement sa place sur l’échiquier international ; la ratification de l’ « Accord-cadre entre le Saint-Siège et la République Démocratique du Congo sur des matières d’intérêt commun », au bénéfice du Peuple congolais ».

Cependant, les évêques membres de la CENCO ont noté 5 inquiétudes : 1. Un an après l’alternance au sommet de l’Etat, des crises multiformes surgissent et font planer des inquiétudes sur le changement social vivement attendu. En effet, une tension préoccupante qui couve au sein de la coalition au pouvoir, se répercute sur la gouvernance, et entame le fonctionnement de l’appareil de l’Etat. Les alliés semblent plus préoccupés par leur positionnement politique que par le service à rendre au Peuple qui continue à croupir dans la misère.

2. En même temps, nous assistons à un enrichissement injustifiable et scandaleux d’une poignée d’acteurs politiques au détriment de la grande majorité de la population. La corruption et les détournements du denier public persistent. Le comble est que ces détournements sont l’œuvre de ceux-là mêmes qui sont appelés à être des garants du bien commun. Les mesures annoncées pour combattre ces maux demeurent sans effets.

3. Nous restons inquiets par la persistance de l’insécurité généralisée dans l’Est du pays, semée par des groupes armés locaux et étrangers, particulièrement dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. On n’a jamais compté autant des morts en moins d’une année dans cette partie du pays, comme c’est le cas actuellement. L’insécurité s’étend aussi sous d’autres formes dans les grandes agglomérations du pays, ce qui donne l’impression que le Peuple est abandonné à lui-même.

4. Le manque du recensement de la population et la problématique d’occupation des terres entraînent des conflits intercommunautaires, spécialement dans les zones où la population redoute la balkanisation du pays.

3. Malgré la pétition initiée par la CENCO et l’Eglise du Christ au Congo (ECC), et qui a recueilli plus de deux millions des signatures, les élections locales qui devraient garantir la proximité et la redevabilité des Gouvernants à la base, semblent être renvoyées aux calendes grecques et les réformes souhaitées avant ces élections ne sont pas encore entamées.

Terminant son message, la CENCO qualifie ces faits des « mauvais fruits » et se demande « à quoi sert cette coalition au pouvoir » entre le camp présidentiel, le CACH, et le régime sortant, le FCC.

Amédée Mwarabu

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