RDC :Un rapport sur la gestion de la Gécamines déposé sur le Bureau du Premier ministre Sylvestre Ilunga

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PAR Deskeco - 04 nov 2019 09:00, Dans Actualités

La gestion de la Gécamines vient de faire l'objet d'une "évaluation partielle" durant les 8 dernières années par Raphaël Ngoy Mushila, ingénieur et mandataire en mines. Cet ancien cadre de la Gécamines a déposé à la Primature le 21 octobre 2019 son rapport intitulé "La Gécamines Yuma. Un nain minier et une sangsue nationale" de 103 pages. 

Dans son courrier daté du 19 septembre 2019 et envoyé depuis Solwezi en Zambie, Raphaël Ngoy Mushila note : "Cette analyse... démontre en illustrant sur abondamment que la Gécamines est devenue un gâchis complet et une catastrophe nationale que cristallise le triomphe d'une exploitation stupide de ressources minières d'un pays sinistré. Les conséquences sont si graves qu'aucun dirigeant congolais ne devrait les ignorer. Il faut impérativement et nécessairement aller au-delà de l'écran de fumée, de la subtile et récurrente diversion car des mesures très radicales s'imposent ". 

L'auteur situe la décente aux enfers de la Gécamines à la nomination, par l'ancien président Joseph Kabila, à fin 2010 d'un trio d'économistes. u trio composé d'Albert Yuma, comme PCA, 

" Fin 2010, à mi-parcours de son long mandat, le Président Joseph Kabila introduisait une grande première mondiale dans la gestion des entreprises minières. Optant pour une abracadabrante innovation, l’homme catapulté au sommet de l'Etat... nommait aux commandes de la plus grande société du pays (tant sous la colonie que sous le Congo indépendant) un trio d’économistes : Albert Yuma, Kalej Nkand et Jacques Kamenga (cadre du PALU aligné par Muzito). Il complétait aussi un Conseil d’Administration composé de cadres de partis politiques qui n'avaient étrangement qu’un seul point commun : Tous étaient totalement étrangers au secteur minier. Et tous, par la seule magie d’un décret présidentiel et contre toute logique, se retrouvaient sans la moindre préparation ; à la tête d’une société minière hautement stratégique et confrontée à d’énormes challenges à relever d’urgence pour sa survie", rappelle l'auteur du rapport. 

A cette époque, la Gécamines était déjà dans le processus de sa transformation en société commerciale avec une exigence claire: rendre la société "rentable et efficace’m". En effet, sa production de cuivre qui, sous Mobutu frôlait la barre du demi-million

de tonnes annuellement ; avait sombré à moins de 10.000 Tonnes soient moins de 2% de son record historique tandis qu’elle alignait sans discontinuité, une quinzaine d’années de résultats négatifs.

"Aussi était-ce étrange, pour une société d’exploitation en situation si critique et à sauver impérativement du naufrage ; qu’aucun Ingénieur ne fit partie de l'équipe dirigeante bizarrement hétéroclite et comprenant plutôt : infirmier, enseignant, avocat, passionné du textile, discoureur, proches parents de politiciens influents et autres thuriféraires aux parcours très éloignés des activités minières", se desole-t-il dans la description des causes la la mauvaise gestion qui va suivre durant les 8 prochaines années de cette nomination. 

Pourtant, cette équipe dirigeante, que l'auteur appelle ironiquement "la Dream Team" de la Gécamines a pu produire en 2011 un Programme pompeusement baptisé « Plan Stratégique de Développement » (PSD) étalé sur cinq années. Il comportait trois grands volets dont : (a) l’extraction minière et production de Cuivre & cobalt dont elle décide de redevenir producteur significatif en visant dès la quatrième année, une réalisation annuelle de 100.000 Tonnes Cuivre et plus de7.400 Tonnes de cobalt, et surtout l’audacieux niveau de 8.627 Tonnes de cobalt dès 2016 ! (b) la transformation de ses installations auxiliaires en centres de profit rentables (c) la gestion orthodoxe d’une trentaine de partenariats où Gécamines est restée actionnaire minoritaire ayant droit aux royalties (jusqu’à 3% du revenu brut), des dividendes (30%), et autres revenus provenant de prestations à facturer.

Au bout de 8 années de gestion, ce rapport constate non seulement que la Gécamines baigne dans l'opacité totale. Aucun rapport annuel moins encore des états financiers ne sont disponibles. 

"Contrairement à toutes les sociétés minières respectables du monde y compris les entreprises publiques comme celle du Chili : Codelco (Codelco- contrôlée à 100% par l’état Chilien- est l’inamovible premier producteur mondial de cuivre) ou de la Zambie comme ZCCM (Zambia Consolidated Copper Mines), sur son site www.gecamines.cd déjà vieux de plusieurs années, il n’y a étrangement pas un seul rapport annuel, ni états financiers. Ce qui est encore plus particulier et choquant pour une société minière, il n’y a même pas une seule ligne mentionnant la production d’une quelconque de ces dernières huit années ! On y trouve plutôt une abondante propagande et des projections mirobolantes réduisant ce site au rang d’un riche catalogue d’insaisissables mirages. Et puis, il y a surtout cette phrase laconique suivie de points de suspension : les statistiques de production sont en cours de traitement…En cours ! Depuis huit années pleines ? Ainsi la ‘totale opacité’ demeurera jusqu’à la fin, au fondement de la gestion du Sieur Yuma et sa bande", dénonce ce rapport.

Pire, les résultats de production de ce joyaux d'antan sont, selon lui, "médiocres". "Dans la période de 2012- 2016, malgré l’affreuse arnaque sur le cuivre, la « Dream Team » ne réalise que 32% de ses prévisions en cuivre et à peine 7,4% de ses propres prévisions en cobalt (à fin 2016) : un score largement médiocre et insuffisant", note le rédacteur de ce rapport se basant sur des "notes internes obtenues de directeurs retraités de la Gécamines". 

Raphaël Ngoy Mushila est Ingénieur Civil en Chimie Industrielle de l’Université de Lubumbashi et diplômé en évaluation technique et financière des opérations minières de la Wits Business School (Johannesburg). Il cumule trente-cinq années d’expérience dans l’exploitation du Cuivre, du Cobalt, de l’or et dans la production d’acide sulfurique. Pendant neuf années à la Gécamines, il travaillé dans les plus grandes installations notamment au Concentrateur de Kamoto & Dima, aux Usines pyrométallurgiques de Lubumbashi et plus longtemps aux

Usines hydrométallurgiques de Luilu successivement comme Ingénieur Chef de service Cuivre puis Chef de service cobalt.

Amédée Mwarabu 

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