Le gouverneur de la banque centrale du Congo (BCC), Deogratias Mutombo, a, au cours de la traditionnelle conférence de presse tenue à l'issue de la réunion du comité de politique monétaire du jeudi 16 mai, expliqué le sens qu'il faut donner aux déficits enregistrés au premier trimestre 2019 dans la gestion des finances publiques.
En effet, en janvier et en mars 2019, le compte général du Trésor a dégagé respectivement de déficits de l'ordre de 11 milliards de CDF et de 54 milliards de CDF. Et pour le déficit enregistré en mars 2019, la BCC l'avait justifié notamment aussi par le financement du Programme d'urgence de 100 premiers jours du Président de la République.
Pour Déogratias Mutombo, il n'y a pas lieu de dramatiser ces déficits enregistrés au premier trimestre 2019.
"Le Trésor a clôturé ses opérations à fin avril avec un excédent confortable de 307 milliards de francs congolais. En cumul annuel, nous avons enregistré 284 milliards de francs congolais d'excédent. Les deux déficits enregistrés en janvier et en mars sont de déficits qualifiés de léger. Simplement parce que même si on extrapole la moyenne de ces déficits sur l'année, on sera loin du ratio Déficit/PIB de 5%... L'extrapolation de ces déficits jusqu'à fin décembre est inférieur à 3% du PIB. Donc, il n'y a pas lieu de dramatiser les derniers déficits enregistrés en janvier et en mars derniers. Il faut noter qu'un léger déficit ou une légère augmentation de la dette publique, si elle doit permettre de soutenir l'activité économique ou permettre de relancer l'économie, n'est pas une hérésie du tout", a déclaré le gouverneur de la banque centrale à cette conférence de presse.
Tout aussi, Déogratias Mutombo a tenu à justifier le bien fondé des investissements publics qui, selon lui, ont pour vocation de "jouer un rôle déclencheur pour l'activité privée" .
"Les dépenses d'investissement ont vocation à jouer le rôle déclencheur pour l'activité privée. Combiner l'investissement public et l'activité privée conduit le pays à hausser son revenu national. Le revenu national, à son tour, fait croître les recettes fiscales qui permettent à l'Etat d'investir encore plus. Donc, au final, on va placer le pays dans un cercle vertueux de la croissance économique. C'est ça la vision du chef de lEtat. Les dépenses d'investissement sont salutaires. Il faut les saluer surtout que ce sont des dépenses qui sont visibles ", a soutenu le patron de l'Institut d'émission.
Comparativement à l'année précédente, les dépenses d'investissement public sont en hausse par rapport à la même période.
" Il convient de relever qu'en 2019, les dépenses d'investissement public connaissent une évolution appréciable à ce jour. La dynamique d'investissement conduit le pays à croître ses dépenses d'investissement public jusqu'à 252 milliards de francs congolais à fin avril 2019 contre 118 milliards de francs congolais à la même période en 2018. Cette dynamique est utile et salutaire pour tout le pays désireux de consolider sa croissance économique. Cela a été démontré par l'histoire économique de tous les pays émergents",a-t-il renchérit.
Pour autant, la banque centrale du Congo estime que le niveau dépenses d'investissement public en RDC est encore largement en deçà de la moyenne des pays africains.
"Nous avons encore du rattrapage à faire en matière d'investissement public parce que le ratio en terme des critères de performance économique arrêté au niveau de l'Afrique et même des autres ensembles sous régionaux comme la SADC et le COMESA est de 30% du PIB. Donc, le pays doit consacrer au minimum 30% des recettes fiscales aux investissements publics. L'année passée nous étions à 7,3%. Là, nous sommes autour de 11%. Donc, nous avons encore des efforts à faire pour investir davantage", a dit Déogratias Mutombo.
Le président de la République, Félix Tshisekedi, avait lancé le 2 mars son programme d'urgence de 100 premiers jours. Ce programme étant extra budgétaire, son exécution a perturbé les finances publiques occasionnant le déficit budgétaire en mars dernier. Ce programme est évalué à 304 millions USD mais financé à hauteur de 206 millions USD par le Trésor public, 70 millions par le FPI et 26 millions par le FONER.
Amédée Mwarabu