Cobalt : l’expert Léonide Mupepele conseille la Rdc de maintenir les prix autour de 60.000 Usd la tonne

PAR Deskeco - 16 fév 2019 10:13, Dans Actualités

Déclaré substance stratégique par le Décret N° 18/042 du Premier Ministre Bruno Tshibala, le cobalt est en chute libre sur le marché international. Au 14 février 2019, le métal vert s’est négocié à 32.000 Usd la tonne, alors qu’en mars 2018, il se négociait à 95.000 Usd. Pourtant, des analystes du secteur pensaient que ce minerai allait crever le record historique de juin 2008 de 115.000 Usd par tonne.

Dans son analyse, l’expert Léonide Mupepele démontre que l’objectif visé par le Gouvernement au travers de son décret, était clairement d’ordre pécuniaire. D’autant plus qu’il était question de se faire des recettes fiscales additionnelles, en profitant de la conjoncture économique, pour assujettir les exportations du cobalt au taux le plus fort de la redevance minière. Laquelle redevance se calcule à 10 % de la valeur marchande brute, ce, conformément à l’article 241 du nouveau Code minier révisé en mars 2018.

Cet expert minier trouve que le Gouvernement a pris son décret sans compter sur  l'impératif de se donner les moyens d’influer sur le destin du métal. "La Rd Congo a-t-elle eu raison de déclarer le cobalt « métal stratégique ?", s'interroge Léonide Mupepele.
« Dans le cas des pays industrialisés, lorsqu’une substance est déclarée stratégique, l’objectif poursuivi est généralement de mettre les filières industrielles tributaires à l’abri d’éventuelles pénuries. En conséquence, les Etats s’organisent pour se donner les moyens de contrôler les flux du matériau en faisant surveiller, par des structures spécialisées, les réserves mondiales, les productions et ventes annuelles réalisées par pays producteur, ainsi que les stocks dans les entrepôts de différentes places boursières », explique Léonide Mupepele.
Il soutient que dans le cas de la Rd Congo, le métal a été déclaré stratégique sans que le Gouvernement n’ait mis en place un dispositif qui viendrait influer sur le prix du cobalt. « Alors que, du fait de sa position de quasi-monopole sur ce segment de marché (le pays produit à ce jour 80 % de l’offre mondiale), la Rdc est en capacité de prendre le contrôle des flux sur ce marché et d’influer en conséquence sur les cours », fait-t-il remarquer.

L'expert estime qu’au prix actuel de 32.000 Usd la tonne, non seulement les recettes additionnelles attendues par le Gouvernement sont dérisoires, « mais à des cours aussi bas, le taux de 10 % de redevance minière appliqué pour ce métal devient pénalisant pour les miniers qui, au-delà des charges locales d’extraction minière et de bonification déjà assez lourdes, doivent faire face aux frais de commercialisation et de traitement métallurgique dans les usines chinoises pour des produits exportés sous forme des céments relativement pauvres en cobalt, mais fortement chargés en eau ».

Léonide Mupepele déduit qu’il est évidemment de l’intérêt de la Rd Congo de voir le marché du cobalt pratiquer des cours hauts. « Mais il ne faut pas non plus trop tirer sur la corde et je suis d’avis que le pays devrait s’organiser pour maintenir les prix autour de 55 à 60.000 Usd par tonne. Un prix de cobalt qui irait au-delà de cette fourchette deviendrait vite un frein à la croissance de la mobilité électrique outre le fait qu’il inciterait les industriels à se tourner davantage vers des batteries consommant moins de cobalt », a-t-il conseillé.

A l’inverse, le cobalt à moins de 55.000 Usd par tonne ne ferait pas l’affaire des miniers par rapport à une redevance acquittée au taux de 10 % du prix marchand brut, estime-t-il.

Lepetit Baende

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