Dans une motion d’information à la séance plénière du jeudi, le sénateur Jean-Claude Boketsu a recommandé au gouvernement le démarrage « urgent » du programme de réhabilitation de 11 423 kilomètres de routes prioritaires du réseau d’intérêt national en République démocratique du Congo.
« Je recommande au gouvernement de procéder au démarrage urgent du programme de réhabilitation et d’entretien de 11 423 kilomètres de routes prioritaires du réseau d’intérêt national, annoncé par le Président de la République devant le Parlement réuni en Congrès en décembre 2024 », a déclaré Jean-Claude Boketsu, élu des élus de la province de l’Équateur devant l’assemblée plénière.
Selon lui, ce chantier fait partie de six engagements majeurs inscrits dans le contrat social du second mandat du Président de la République, ainsi que du programme d’action du gouvernement pour la période 2024-2028.
« Une année après la promesse présidentielle, nous constatons l’absence d’initiative concrète du gouvernement sur le terrain, alors que ce même gouvernement a pour mission première de mettre en œuvre la vision et les engagements du Chef de l’État. Pendant ce temps, toute la population congolaise vivant dans les provinces attend impatiemment ce programme catalyseur du développement qui va désenclaver leurs territoires, soutenir l’agriculture, revitaliser les économies locales, réduire la pauvreté et renforcer la cohésion nationale », a-t-il souligné.
Et de renchérir : « les infrastructures routières nationales et provinciales sont dans un état de délabrement avancé, lequel freine la mobilité des populations, renchérit le coût du transport, isole les vastes zones rurales et limite l’accès aux marchés, écoles et centres de santé. Plusieurs axes routiers demeurent impraticables, notamment la route Kisangani-Buta-Bunia, la route Mbandaka-Bikoro-Boende-Kindu, la route Ingende-Bolomba-Basankusu-Befale, la route Kalemie-Pweto-Kasenga, la route Gemena-Businga-Bumba et d’autres tronçons du réseau d’intérêt national ».
La relance économique gravement compromise
Il a indiqué que le retard observé dans la concrétisation du programme de 11 423 kilomètres compromet gravement la relance économique, l’intégration nationale et la stabilité sociale dans plusieurs territoires.
« Nous traversons une période où nos populations, surtout rurales, vivent dans la désespérance ; les produits agricoles pourrissent dans les champs, faute d’accès aux marchés ; les femmes meurent en couche faute de route pour leur évacuation rapide ; les hommes vieillissent prématurément suite à la manutention des charges lourdes ; des milliers de Congolais perdent la vie lors de naufrages à répétition des embarcations surchargées faute d’alternative routière », a-t-il déploré.
Le parlementaire a insisté sur la nécessité pour le gouvernement d’agir sans délai afin de désenclaver les 145 territoires et stimuler les économies locales.
Estimant le coût global du programme à plus de 750 millions de dollars américains, le sénateur a proposé à l’exécutif national une stratégie de financement en deux volets : augmenter les ressources du Fonds national d’entretien routier (Foner) et ensuite lever des fonds auprès des institutions financières partenaires pour compléter le financement.
M. Jean-Claude Boketsu a avancé par ailleurs cinq mesures stratégiques susceptibles de générer plus de 80 millions USD de recettes additionnelles, portant le budget du Foner à 240 millions USD dès 2026. « Hausse de la redevance Foner dans la zone Ouest de 10 à 30 USD/m³, pour un gain estimé à 15,5 millions USD ; réduction de la fraude et du coulage des recettes issues des opérateurs miniers (25 millions USD) ; recouvrement de la quotité des revenus de péage routier dus au Foner (13,5 millions USD) ; récupération des arriérés de redevances impayées par les sociétés pétrolières (7,5 millions USD) et lutte contre la fraude sur les importations de carburant, pouvant rapporter plusieurs dizaines de millions USD », a-t-il préconisé.
Dans la conclusion de sa motion d’information, le sénateur Boketsu a toutefois réaffirmé son soutien patriotique au gouvernement avant d’exhorter les autorités à traduire cette vision en actions concrètes dès 2026, pour redonner espoir aux populations et accélérer le désenclavement du pays.
Bienvenu Ipan