Les conflits armés opposant les rebelles de l'AFC-M23 à l'armée congolaise dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) constituent un véritable manque à gagner pour le budget de l'État et une entrave à l'exécution normale des dépenses publiques. À cause de cette guerre, les recettes totales de l'État pour la seule province du Nord-Kivu ont connu une baisse significative de 22 % entre janvier et fin juillet 2025, période marquée par l'intensification des hostilités, notamment par la prise de la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu.
« L'évolution des recettes totales de tous les Centres d'Impôts Synthétiques (CIS) de la Direction Générale des Impôts (DGI) révèle une tendance préoccupante de régression. En janvier 2025, les recettes totales des CIS du Nord-Kivu s'élevaient à 516,07 millions de FC, mais elles ont chuté à 402,6 millions de FC à la fin juillet 2025, marquant une baisse significative de 22 % sur cette période », peut-on lire dans le document 8 du projet de loi des finances pour l'exercice 2026, consulté par Deskeco.com.
Comparativement à la même période en 2024, les recettes ont chuté de 65 %, passant de 6 458,85 millions de FC à seulement 2 279,73 millions de FC, une situation jugée alarmante.
Par conséquent, les recettes des CIS du Nord-Kivu en janvier 2025 ont chuté de 48,8 % par rapport à janvier 2024. Celles de février et mars 2025 ont décru de 100,0 %, indiquant une absence totale de recettes, due à l'intensification des conflits, renseigne le document,
Qui ajoute :
« Conjointement, les recettes du Centre d'Impôts (CDI) GOMA, une structure chargée de la gestion des moyennes entreprises de cette zone, n'ont pas été épargnées. En effet, entre janvier et juillet 2025, les recettes du CDI GOMA ont diminué de 43,5 % par rapport à la même période en 2024, passant de 39 248,21 millions de FC à 20 167,52 millions de FC ».
En ce qui concerne le mois d'avril 2025, les recettes du CDI GOMA ont régressé de 73,0 %, chiffre jugé « criant », « car il coïncide avec le mois où le premier acompte d'impôt sur les bénéfices et profits est exigible, soulignant l'impact de la guerre sur la capacité des moyennes entreprises de cette zone à s'acquitter de leurs obligations fiscales ».
« Cette régression est le reflet direct d'un contexte sécuritaire extrêmement dégradé, exacerbé par la montée de l'agression rwandaise et l'activité des groupes armés comme le M23 en janvier 2025 », selon le gouvernement.
Cette situation constitue ainsi un risque sécuritaire qui, comme tout autre risque, peut entraîner des écarts entre prévisions et réalisations budgétaires, et entraîner notamment une pression accrue sur les dépenses, une baisse des recettes et un déséquilibre budgétaire.
Le gouvernement craint que la persistance de l'insécurité compromette la mobilisation des ressources et la mise en œuvre des politiques publiques.
Bruno Nsaka
