RDC : des questions sur la crédibilité du budget de 20 milliards USD soumis au vote du Parlement

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PAR Deskeco - 26 sep 2025 10:01, Dans Finances

Le projet de loi de finances pour l’exercice 2026 a été déposé le 15 septembre dernier par la première ministre, Judith Suminwa, à l’Assemblée nationale pour examen et adoption. Chiffré à la hauteur de 20,3 milliards de USD, le cabinet du ministère du budget a indiqué, au cours d’une récente sortie médiatique, que les prévisions pour le budget général sont fixées à 18 milliards de USD, dont 12 milliards de recettes courantes et 6 milliards de recettes extérieures. Et que le reste est comblé par le budget annexe et les comptes spéciaux. 

Le gouvernement espère améliorer des recettes publiques, mobilisées notamment par les régies financières, et celles extrabudgétaires, dont le contrat Sicomines. 

Peut-on ainsi s’entendre à un budget réaliste ? 

Le budget présenté à l’assemblé a été revu à la hausse, pourtant celui de l’exercice 2025 a connu une baisse d’1,7 %, à la suite de la situation sécuritaire qui prévaut au pays, fait savoir le gouvernement dans la loi de finances rectificative consultée par Deskeco. 

Cette réduction est consécutive à l’occupation de deux provinces, Nord et Sud-Kivu, par les rebelles de M23, dont les revenus fiscaux ne sont plus sous le contrôle du gouvernement de Kinshasa. Dans ce contexte, comment peut-on augmenter le budget pour l’exercice prochain sachant que le contexte du pays n’a pas changé ? 

En mars dernier, lors d’une conférence de presse Jules Alingete Key, ex-inspecteur général des finances avait indiqué que suite de cette crise sécuritaire, l'État congolais a perdu 9% des recettes douanières et 3% des recettes mobilisées par la DGI. La loi de finances 2025 confirme aussi cette baisse drastique. 

Les recettes internes ont enregistré une régression de 7,2% en 2025 par rapport aux prévisions initiales, révèle le gouvernement, indiquant que cette baisse est consécutive aux pertes de recettes de la province du Nord et Sud-Kivu. Par ailleurs, les recettes exceptionnelles ont également connu une baisse de 25,5% par rapport aux prévisions initiales. 

« Il faudra qu’on ait un peu plus de réalisme, lorsque l’on fait des prévisions budgétaires, même si l’on dit qu’on doit capter les fonds à travers les ressources budgétaires, incluant les extrabudgétaires. Ça ne peut pas amener le budget à atteindre 20,3 milliards de USD, ou même 18 milliards USD du budget général comme souligné par le cabinet du ministère du budget, je pense que ce n’est pas crédible, et ça manque aussi de sincérité », explique Valery Madianga, expert en Finances publiques, et responsable au Centre de recherche en finances publiques et développement local (Crefdl).

Il a, par ailleurs, indiqué que, « l’élaboration d’un budget doit tenir compte des principes inscrits dans la loi relative aux finances publiques, dont le principe de sincérité, crédibilité, qui doivent en principe être respectés »

« Si vous regardez les tendances de trois dernières années, de 2023 à 2025, vous constaterez que les recettes au niveau interne se situent autour de 12 milliards de dollars et la capacité de mobilisation de recettes de notre pays, du point de vue extérieur, se situerait autour de 2 milliards de dollars, que nous sommes capables de capter au niveau extérieur », souligne Valery Madianga.

Du côté du gouvernement, l’optimisme demeure, qui attend combler le gap grâce à la convention sino-congolaise révisée en mars 2024 et les appuis budgétaires des bailleurs de fonds, dont le FMI et la Banque Mondiale. Le contrat chinois permet de lever 320 millions USD l’an.

Les rapports de la cour des comptes 2020-2023, indiquent que la capacité de mobilisation des revenus internes de la RDC se situent autour de 12 milliards USD et les ressources extérieures sont captées autour de 2 milliards de dollars l’an, dégageant un total de 14 milliards de dollars l’an. 

Jean-Baptiste Leni

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