Les mineurs jouent un rôle actif dans la chaîne d'approvisionnement du diamant en République démocratique du Congo, selon un rapport récent de l'International Peace Information Service (IPIS), une structure indépendante de recherche. Ce document souligne que 60 à 80 % des volumes d'exportation de diamants congolais sont fournis par les mineurs.
Cette participation massive des mineurs a pris de l'ampleur après la faillite de la MIBA à partir de 2008. Cette société parapublique d'exploitation diamantifère, basée dans la province du Kasaï-Oriental, détenait auparavant 96 % de la production de diamants du pays.
« Depuis la faillite de la MIBA, les mineurs artisanaux sont devenus les principaux producteurs de diamants de la RDC. Environ 450 000 mineurs artisanaux fourniraient 60 à 80 % des volumes d'exportation de diamants du pays. Une fois extraits, les diamants passent par un réseau de négociants en minerais locaux et leurs intermédiaires, appelés "commissionnaires", qui se déplacent d'un site à l'autre pour acheter des diamants », révèle le rapport.
Le document précise également que ces « commissionnaires » financent les mineurs à condition qu'ils viennent effectuer leurs ventes auprès d'eux. Ce système encourage le commerce hors circuit légal, alors que le code minier prévoit que seuls les « comptoirs » sont autorisés à exporter des diamants d'origine artisanale.
« Ces négociants fournissent souvent aux mineurs des crédits leur permettant de préfinancer leurs activités. Si les petits négociants et mineurs peuvent se rendre directement dans des bureaux pour les ventes importantes de diamants, beaucoup de petites transactions se font sur les "mini-marchés", des lieux privés que l'on trouve dans les zones productrices de diamants, ainsi que dans les plus grandes villes », indique-t-il.
Malgré cette réalité, les services de contrôle de la chaîne d'approvisionnement ne parviennent pas à assurer une surveillance efficace sur l'ensemble des sites miniers, en raison de l'insécurité persistante causée par des groupes armés et/ou de l'extorsion subie par certains acteurs de l'EMAPE, l'un des services de contrôle de l'exploitation artisanale.
Jean-Baptiste Leni