Les langues se délient au sein de la classe politique et de la société civile en République démocratique du Congo depuis l’annonce d’un « deal » sur les minerais stratégiques, que le gouvernement congolais envisage de conclure avec les États-Unis d’Amérique, en contrepartie d’un soutien militaire pour sortir la RDC de la crise de l’insécurité qui la secoue, notamment au Nord et au Sud-Kivu, exacerbée par les avancées des rebelles du M23.
Ce samedi 22 mars, dans un communiqué de presse, le parti politique « Forces de Patriotes » a réagi à une récente déclaration d’un groupe d’opposants et d’acteurs de la société civile, qualifiant ce deal de « bradage » et de « troc » que l’actuel président de la République envisagerait pour sauver et s’éterniser au pouvoir.
Dans leur communiqué, les « Forces de Patriotes » affirment plutôt que cet accord ne vise pas un « bradage », encore moins un « troc ». Il aurait pour objectif de maximiser les bénéfices afin d’améliorer les conditions sociales de la population congolaise.
« Les discussions en cours avec les États-Unis ne visent en aucun cas à brader nos richesses. Elles s’inscrivent dans une logique de renforcement des capacités nationales, de modernisation du secteur minier et de maximisation des bénéfices pour le peuple congolais », peut-on lire dans le communiqué.
Et d’ajouter :
« Le cobalt, le cuivre et nos autres ressources stratégiques ne sont pas l’objet d’un troc, mais d’une gestion rigoureuse et réfléchie, loin des magouilles et des contrats opaques que certains nostalgiques voudraient rétablir ».
Pour ce parti politique, proche du pouvoir, ces négociations entreprises par le président Félix-Antoine Tshisekedi s’inscrivent dans l’objectif de garantir que les ressources minières de la République démocratique du Congo profitent à sa population.
Quête d’une protection étrangère via le deal ?
Les « Forces de patriotes » rappellent, par ailleurs, que cet accord, confirmé par le chef de l’État, relève de la souveraineté d’un État et ne traduit pas une quête de protection étrangère.
« La RDC n’est ni à vendre, ni en quête d’une protection. Elle est dirigée par un chef de l’État qui a fait le choix de la souveraineté et de la fermeté. Ceux qui tentent de le dépeindre comme un homme faible, cherchant l’aval des puissances étrangères, ne font que projeter sur lui leurs propres trahisons passées », indiquent-elles.
Dans une correspondance exploitée par Deskeco, un groupe d’opposants, constitué de Lubaya Claudel, député honoraire, et Seth Kikuni Masudi, autorité morale du parti politique « Piste pour l’émergence », ainsi que des acteurs de la société civile comme Jean-Jacques Lumumba, militant anti-corruption, et Bienvenu Matumo, militant de la Lucha, a estimé que cet accord n’était qu’un « bradage des minerais congolais », que Félix-Antoine Tshisekedi voudrait octroyer pour sauver son pouvoir.
« Le président Tshisekedi semble prêt à tout, y compris à marchander par des accords obscurs la survie de son pouvoir avec l’administration Trump, en échange des ressources naturelles tant convoitées de la RDC. Il voudrait ainsi, à l’instar de Mobutu durant les années sombres de la guerre froide, devenir le nouvel agent américain », déclarent-ils.
Pour rappel, dans une interview accordée à Fox News, un média américain réputé proche de la nouvelle administration de la Maison-Blanche, ainsi qu’au Journal Le Figaro mercredi 19 mars, Félix Tshisekedi a confirmé ces négociations tout en « rejetant » toute accusation de bradage pour sauver son fauteuil.
Jean-Baptiste Leni