La Plateforme des organisations pour la promotion et la défense des droits économiques, sociaux et culturels en RDC (DESC/RDC) dénonce la politisation excessive du secteur minier et de la sous-traitance en République démocratique du Congo par les acteurs politiques congolais. Cette plateforme l’a révélé dans son récent rapport sur la mise en œuvre de l’initiative pour la transparence dans la gestion des industries extractives dans un secteur totalement politisé.
DESC/RDC indique que cet accaparement des politiciens sur les secteurs miniers fait couler significativement des recettes à l’État congolais. Elle dénonce, de ce fait, une fraude généralisée et le non-paiement des différentes taxes par ces politiciens, qui agissent en hommes protégés.
« Des camions des minerais bruts ou des cathodes appartenant aux autorités provinciales, aux officiers militaires et membres des familles au pouvoir et leurs partenaires, qui n’ont ni mines, ni usine, ne sont pas comptabilisés ou échappent à tout contrôle des organismes étatiques », déplore cette plateforme.
Cette organisation indexe, dans son rapport, le gouvernement congolais qui, selon elle, encourage la fraude, rappelant que des quantités importantes de minerais, tels que le cuivre et le cobalt, sont extraites, avec l’implication des acteurs politiques, certains membres du gouvernement, constituant un manque à gagner important pour le trésor public.
« La fraude occasionnée par les gouvernements nationaux et provinciaux, qui donnent des autorisations d’exportation des concentrées de cuivre, et qui permettent aux entreprises autorisées à exporter des hydrates de cobalt à la place, et créent un manque à gagner en recette car le camion des hydrates de cobalt vaut 1800 dollars alors que celui de concentré de cuivre ne vaux que 400 dollars », dénonce cette organisation.
Face à ce contexte, DESC/RDC appelle le gouvernement congolais à dépolitiser le secteur minier et celui de la sous-traitance, en identifiant et arrêtant toutes les personnes politiquement engagées dans des gisements, remblais et autres permis appartenant aux entreprises minières. Elle exige également du gouvernement qu'il dépolitise les coopératives minières et retire toutes les coopératives appartenant aux personnes politiquement exposées.
Cette structure invite également la présidence à laisser aux institutions responsables de la lutte contre la corruption et de la mise en œuvre des politiques la liberté d’évaluer et de prendre des mesures à l’encontre des entreprises et autres acteurs sans interférence, ainsi qu'à éviter de s’impliquer directement dans les négociations des contrats, pour ne pas affaiblir les pouvoirs des institutions de régulation et de contrôle de l’État.
Il convient de rappeler que cette enquête est menée à partir de données recueillies auprès notamment des acteurs de la société civile de l’espace Grand Katanga, qui comprend les trois quarts des entreprises extractives minières en RDC, sur la transparence dans la gestion des industries extractives et leur climat des affaires.
Le secteur minier congolais est sérieusement confronté, ces derniers temps, aux exploitations illégales et illicites menées par des expatriés étrangers, dont les Chinois, qui, le plus souvent, sont accusés de travailler en complicité avec les autorités du pays. C’est notamment le cas qui s’est déroulé récemment dans la province du Sud-Kivu, avec l’arrestation de trois Chinois, qui détenaient 10 lingots d’or et une somme de 800 000 USD, ensuite revue en baisse à 400 000 USD après comptage manuel.
Jean-Baptiste Leni