Déplorant les multiples implications et arrestations des expatriés chinois dans l’exploitation illégale et illicite de minerais en République démocratique du Congo, la structure des experts de la société civile en RDC a tenu une réunion lundi 6 janvier 2025, au cours de laquelle elle a appelé les expatriés chinois œuvrant dans le pays dans le secteur minier à se conformer aux différentes lois congolaises, notamment dans toutes leurs entreprises.
Cet appel intervient après la récente arrestation de trois Chinois par le gouvernement provincial du Sud-Kivu, impliqués dans une opération d’exploitation illicite des minerais dans le territoire de Walungu. Lors d’un point de presse tenu samedi 4 janvier 2025, le gouverneur du Sud-Kivu a présenté ces Chinois avec dix lingots d’or et une somme estimée préalablement à 800 000 dollars, revue en baisse à 400 000 dollars lors d’un point de presse rectificatif lundi dernier avec les organisations de la société civile.
Dans cet ordre d’idée, le 20 décembre 2024, au moins 17 Chinois impliqués dans l’exploitation illicite ont été libérés et expatriés par la DGM à l’insu des autorités provinciales du Sud-Kivu. Le gouvernement provincial les accuse d’exploiter les minerais pendant au moins quatre ans sans détenir un document légal leur permettant cette exploitation.
Face à ce contexte, le panel des experts de la société s’est réuni ce lundi à Kinshasa pour faire un état des lieux général sur la situation. Il a d’abord appelé ces Chinois à se conformer aux lois congolaises, notamment celles relatives à l’exploitation minière. Dans son communiqué de presse exploité par Deskeco, cette structure prend acte de la volonté du gouverneur du Sud-Kivu de lutter contre l’exploitation illicite dans sa province.
Elle déplore, par ailleurs, le non-respect des procédures dans cette opération, alors que l’on sait que le gouverneur Jean-Jacques Purusi Sadiki a eu à présenter, après arrestation, ces trois Chinois impliqués dans le vol de minerais. Pour cette structure, le non-respect de la procédure a tenté d’exposer ces Chinois au lynchage, tel que cela a été le cas dans le territoire de Mwanga.
« Réunis en rapport avec la situation qui prévaut dans la Province du Sud-Kivu sur l'affaire en lien avec la traque, les arrestations, l'expulsion et la saisie des lingots d'or et d'une somme importante d'argent auprès des chinois, les membres du Panel des Experts de la Société Civile prennent acte de la volonté manifeste du Gouverneur de Province de lutter contre l'exploitation illicite des minerais au Sud Kivu; mais constatent le caractère de non-conformité des procédures lors de ces différentes opérations. Ils condamnent, de ce fait, avec énergie l'exposition des chinois au risque de lynchage par la population, tel est le cas de ce qui s'est passé dans le territoire de Mwenga » peut-on lire dans leur communiqué.
Contrairement à une opinion congolaise importante, qui salue l’acte posé par le gouverneur du Sud-Kivu, cette structure dit condamner l’exposition de ces Chinois impliqués dans le vol au risque de lynchage et indique qu’un tel acte peut avoir un impact diplomatique majeur, alors que la RDC a besoin d’investisseurs.
« Le panel des experts de la société civile craignent que ces attitudes populistes n'entraînent pas les incidents diplomatiques entre la RDC et la Chine, alors que la RDC a besoin des investisseurs à capitaux frais, et recommande au Gouverneur de respecter strictement les procédures dans la chaîne de responsabilité, et aux étrangers, plus particulièrement les chinois, de se conformer aux lois en vigueur dans notre pays dans toutes leurs entreprises », indiquent-ils.
Jean-Baptiste Leni