Dans un communiqué ce lundi 30 décembre 2024, le mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) exige à la Direction générale de migration (DGM) la restitution à la province du Nord-Kivu de la somme de 10 millions de dollars américains (USD) que les exploitants chinois arrêtés et présentés à la presse le 20 décembre dernier devaient à la province en raison de l’exploitation minière.
Selon la Lucha, la DGM doit ainsi procéder, car c’est elle qui a facilité « l’évasion » et l’extradition clandestine de plus de 15 sujets chinois vers leur pays d’origine, alors que la plupart d’entre eux n’avaient pas les documents requis, soit pour résider dans le pays, soit pour exploiter les mines dans la province du Sud-Kivu. La Lucha invite la justice à se saisir du dossier, afin que les auteurs de l’évasion soient poursuivis, « quel que soit leur rang social ; pour mettre fin à l’impunité ».
« Qu’un contrôle sérieux sans complaisance soit organisé dans tous les territoires du Sud-Kivu pour traquer les voleurs de minerais », précise le communiqué.
Après leur présentation à la presse le 20 décembre dernier, les 15 sujets chinois ont été par la suite envoyés à la DGM par la police. Le 24 décembre, Jean-Jacques Purusi, gouverneur de la province du Sud-Kivu, a annoncé à la presse que les Chinois, parmi lesquels un Congolais et un Burundais, avaient été libérés et expulsés sur ordre de la hiérarchie de Kinshasa.
Selon la Lucha, ces Chinois sont passés par le Rwanda « avant de retourner dans leur pays après 4 ans d’exploitation aurifère sans titre de séjour ni permis d’exploitation ».
Ainsi, elle se pose une série de questions, notamment sur la hiérarchie qui a permis « à ces bandits » de s’échapper en toute impunité, le manque d’explications sur leur extradition, alors que cette exploitation a eu des conséquences humaines et environnementales sur les communautés locales, et sur la protection de la « mafia » par des personnes puissantes au pouvoir.
Les autorités du Sud-Kivu ont rapporté que ces Chinois étaient actifs dans des mines à Walungu sans disposer d’aucun document légal. Depuis leur libération, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer cet acte. C’est le cas notamment du cadre de concertation de la société civile, une structure réunissant plusieurs faîtières de la société civile, notamment la Société civile environnementale (SOCEARU), la Fédération de la société civile congolaise (FESCIV) et le Mouvement des sociétés civiles du Congo (MSCO).
La problématique de l’exploitation illicite des minerais a été soulevée à plusieurs reprises ces derniers mois par les institutions du pays. Le président de l'Assemblée nationale de la RDC, Vital Kamerhe, avait, lors de l'audition du ministre des Mines, durant la plénière du mercredi 13 novembre 2024, dénoncé la présence accrue de sujets étrangers et de militaires sur des sites miniers.
Déjà lors de la 18ème réunion du conseil des ministres, le vendredi 18 octobre dernier, Félix Tshisekedi, président de la RDC, avait exprimé son inquiétude face à la prolifération d'exploitations minières clandestines menées par des étrangers, en violation des lois et réglementations en vigueur, notamment du code minier congolais.
Pour remédier à cette situation, le ministre de l'Intérieur, ainsi que celui des Mines, avaient été instruits lors de la même réunion du conseil des ministres de mettre en place un dispositif de contrôle rigoureux aux frontières des zones minières. Ce dispositif devra notamment permettre de vérifier l'identité de toute personne souhaitant pénétrer dans ces zones et de s'assurer qu'elle dispose des autorisations nécessaires.
Bruno Nsaka