Cinq banques de développement se sont associées pour essayer de relancer le projet du plus grand barrage hydroélectrique au monde sur le fleuve Congo, censé devenir le plus puissant au monde avec 40 000 MW de capacité installée.
Sans cesse repoussé, annulé, puis encore relancé, le projet semble pouvoir bénéficier d’un nouveau coup de pouce. La Banque africaine de développement, Afreximbank, la Development Bank of Southern Africa (DBSA), l’Industrial Development Corporation, ainsi que la New Development Bank, la banque de développement des Brics, se sont associées pour trouver un moyen de développer Grand Inga. Les pourparlers ont commencé au mois de juin et l’initiative aurait reçu l’approbation de Félix Tshisekedi et de Cyril Ramaphosa, l’Afrique du Sud devant acheter une part importante de l’électricité produite.
« Ces cinq parties ont pris l’initiative de dire : “Rassemblons-nous. Examinons ce que nous pouvons faire pour atteindre cet objectif. Comment pouvons-nous le faire démarrer et qui devons-nous faire intervenir en termes de développement réel ?” », a déclaré Mpho Kubelo, responsable des risques de la DBSA, cité par Bloomberg.
Les projets de barrages hydroélectriques, éléments essentiels de la stratégie d’électrification de l’Afrique centrale et australe, tardent à sortir de terre. Comme le révélait « Africa Business + » en avril dernier, les autorités congolaises semblent déterminées à relancer ce projet au point mort. Avec Inga I et Inga II, 1 775 MW sont déjà installés sur le fleuve Congo, mais faute d’entretien, les turbines fonctionnent très en dessous de leurs capacités. Inga III pourrait permettre d’augmenter la capacité de production à 11 000 MW. Et Grand Inga est censé encore multiplier celle-ci par quatre.
Mais le projet patine depuis des décennies. En 2016, la Banque mondiale s’en était retirée, contestant « l’orientation stratégique » prise par le gouvernement congolais sur le programme. En 2018, deux consortiums, l’un chinois, l’autre européen, avaient conclu des accords pour développer Inga III. Le premier était porté par la China Three Gorges Corporation, le second par Cobra Instalaciones y Servicios, filiale du groupe de BTP espagnol ACS. Les autorités congolaises avaient demandé aux autorités de fusionner. Mais, en 2020, le groupe espagnol décide de jeter l’éponge sans explications. En 2021, après l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir, un protocole d’accord est signé avec le groupe minier australien Fortescue pour le développer sans qu’aucune suite n’ait été donnée jusqu’à présent.
Depuis le début de l’année, les discussions ont également repris avec la Banque mondiale. En marge de la visite du président congolais en France en avril dernier, Emmanuel Macron a aussi déclaré être prêt à soutenir le projet.
Bienvenu Ipan