L’Union européenne a gelé l’examen de sa nouvelle aide militaire de 20 millions d’euros en faveur du Rwanda, prévue pour soutenir l’intervention de l’armée rwandaise dans la province mozambicaine de Cabo Delgado. Lors de la réunion du groupe de travail sur l’Afrique (COAFR) mercredi 3 juillet, les membres de cette instance du Conseil européen n’ont pas pu s’accorder sur le déblocage de cette aide financière.
La demande introduite par Kigali visait à obtenir une deuxième enveloppe de 20 millions d’euros via la Facilité européenne pour la paix (FEP). Cette aide devait financer les unités de la Rwanda Defence Force (RDF) déployées depuis juillet 2021 pour combattre l’insurrection jihadiste dans le nord du Mozambique. Bien que soutenue ardemment par le Portugal et la France, cette nouvelle tranche d’aide est diversement appréciée parmi les États membres. Certains pays, comme les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suède, ont exprimé leurs réticences, insistant sur la nécessité de contreparties.
Le soutien militaire du régime de Paul Kagame à la rébellion du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a été rappelé par plusieurs diplomates. Le dernier rapport du groupe d’experts des Nations Unies, publié le 19 juin 2024, met en lumière la présence massive d’éléments de la RDF aux côtés des rebelles du M23. Face à ces informations, l’UE semble désormais réticente à dissocier le dossier de l’Est congolais de celui de Cabo Delgado.
Le COAFR, dont l’unanimité est requise pour débloquer l’aide de 20 millions d’euros, a préféré reporter sine die son examen, probablement jusqu’après l’été. Par ailleurs, les membres du COAFR ont convenu de la nécessité d’élargir les sanctions de l’UE contre les responsables rwandais impliqués dans la guerre menée par le M23. Jusqu’à présent, seul le capitaine Jean-Pierre Niragire, dit Gasasira, de la RDF, est visé par ces sanctions, en vigueur depuis juillet 2023. Les Européens doivent encore déterminer les noms des responsables supplémentaires susceptibles d’être ajoutés à cette liste.
Cette décision marque un tournant dans la politique européenne vis-à-vis du Rwanda, signalant une prise de position plus ferme face aux implications du régime rwandais dans les conflits régionaux.
Bienvenu Ipan