Le réseau Mwangaza dresse un bilan mitigé du secteur de l'électricité en République démocratique du Congo, dix ans après sa libéralisation. Le porte-parole de Mwangaza, Éric Kassongo, a lu la déclaration de ce réseau à la faveur d'un webinaire organisé le lundi 17 juin 2024 à Silikin Village situé dans la commune de Ngaliema, à Kinshasa, à l'occasion de ce dixième anniversaire. Le réseau Mwangaza a noté que l'impact de la loi sur l'électricité reste mitigé à cause de la persistance et la multiplication des poches noires, du faible investissement privé, une fiscalité asphyxiante, la multiplicité des services publiques de l'électricité au niveau locale jusqu'au niveau national sans une coordination d'action, le faible accompagnement de l'État à la Société nationale d'électricité (SNEL SA) pour son redressement.
En guise de recommandation, le réseau Mwangaza rappelle aux autorités congolaises l'importance de gagner la confiance des consommateurs et des investisseurs par une transparence accrue et des mesures concrètes dans l'application de cette loi, pour démontrer l'efficacité et l'interdépendance entre les différentes agences gouvernementales du secteur de l'électricité, dans la conjonction de leurs stratégies et efforts pour améliorer les conditions de mise en oeuvre du cadre règulateur du secteur de l'électricité en RDC, en vue des meilleurs résultats.
Le réseau Mwangaza considère l'électricité comme l'un des facteurs majeurs irréversibles qui conditionnent le développement économique, social, technologique et culturel de toutes les nations, de tous les peuples, de toutes les communautés ou de tout individu pris isolément selon l'exposé des motifs de la loi sur l'électricité.
Le réseau a noté cependant un faible progrès dix ans après: l'opérationnalisation de l'Agence nationale de l'électricité des services énergétiques en milieux rural et périurbain (Anser) tarde à avoir un accompagnement réel et efficace de l'État; l'opérationnalisation der l'Autorité de régulation du secteur de l'électricité (ARE) (...) qui offre jusque-là que des perspectives très timides au regard des attentes et rendant le fonctionnement optimal à l'échelle nationale un défi ; la présence des opérateurs privés qui ont commencé à solliciter des concessions et investir faiblement dans des projets de production et de distribution d'électricité dans certaines provinces du pays ; sur le plan institutionnel, il est constaté une forte faiblesse de la capacité institutionnelle jusqu' à ce jour (...); sur le plan financement, le manque d'un appui consistant du gouvernement aux institutions du secteur (...); sur le plan infrastructure, les textes ne sont pas clairs sur l'interconnexion aux niveaux régional, national et entre les privés qui interviennent dans ce secteur et les réseaux existants de la SNEL (...); sur le plan réglementaire, la loi est lacunaire quant aux autres sources d'énergie notamment solaires et éoliennes (...); sur le plan fiscal, la fiscalité reste asphyxiante avec plus de 60 taxes à payer par les opérateurs privés travaillant dans le secteur et cela entraîne une faible attraction des acteurs dans ce secteur.
Au cours de ce webinaire, les avis ont été partagés au sujet de cette loi sur l'électricité. Contre cette loi, le professeur Bernard Ndaye estime que l'État devra la modifier pour produire des résultats escomptés. Un avis que n'a pas partagé l'ingénieur Kahindo pour qui cette loi est la meilleure dans toute l'Afrique. Selon le réseau Mwangaza, le rapport de ce webinaire sera transmis à qui de droit pour une solution aux problèmes que connait le secteur de l'électricité en RDC.
Bienvenu Ipan