Au cours de l’année 2022, la croissance de l’économie nationale s’est consolidée grâce à la bonne tenue de la demande internationale des produits miniers, soutient la Banque centrale du Congo dans son rapport sur la politique monétaire en 2022. Toutefois, cette croissance n’a pas été épargnée par les à-coups de la guerre en Ukraine, notamment l’accélération du rythme de formation des prix. Le marché des changes a été marqué par une dépréciation globalement élevée, particulièrement à partir du mois de juillet.
La forte progression de l’activité économique, combinée aux mesures de contrôle interne, ont contribué, selon la BCC, à la forte mobilisation des ressources intérieures. C’est dans cet environnement globalement satisfaisant qu’une politique monétaire et de change prudente a été mise en œuvre.
Activité économique
La reprise de l’économie congolaise, qui s’était amorcée suite aux progrès considérables accomplis en 2021, s’est poursuivie en 2022. Le rebond de l’activité économique a été plus prononcé que prévu, sous l’impulsion de l’activité du secteur extractif, dans un contexte extérieur impulsé par le regain de la demande internationale, principalement des métaux.
En effet, le taux de croissance du PIB réel s’est établi à 8,9% contre 6,2% l’année précédente à la suite notamment de bonnes performances des secteurs extractif et non-extractif. Ce niveau de croissance excède de 4,9 points la moyenne de l’Afrique Subsaharienne. Néanmoins, il reste confronté à la problématique de sa non-exclusivité. Dans un contexte de maintien de la stabilité du cadre macroéconomique, la poursuite des réformes structurelles d’envergure visant la diversification de l’activité économique devrait permettre à moyen et long termes de rendre inclusive cette croissance.
Approche par les valeurs ajoutées
Suivant cette approche, la croissance du PIB réel a été soutenue principalement par les activités du secteur primaire dont la variation de la valeur ajoutée s’établit à 21,9% contre 10,1% une année auparavant, en liaison avec l’activité minière.
En effet, le dynamisme de la branche «Extraction» est attesté par sa contribution à la croissance qui s’est considérablement améliorée à 6,8 points venant de 3,0 points en 2021. Cette évolution fait suite à l’accroissement de la capacité de production et à la reprise des activités de certaines entreprises du secteur, dans un contexte d’embellie des cours des principaux produits d’exportation notamment le cuivre et le cobalt.
Le taux de croissance de la valeur ajoutée du secteur tertiaire s’est ralenti pour s’établir à 3,3% contre 5,6% l’année passée, attesté par une contribution à la croissance de 1,2 point venant de 2,1 points en 2021. Les activités dans ce secteur sont soutenues essentiellement par la branche «Transport et Télécommunication», portées par son segment «Télécommunication» ainsi que par le «Commerce», avec des contributions respectives de l’ordre de 0,6 point et 0,4 point.
La progression de la valeur ajoutée du secteur secondaire et passée de 3,2% en 2021 à 2,8% en 2022, induisant une contribution de 0,4 point de croissance contre 0,5 point. Cette évolution est essentiellement consécutive au rythme d’activité au niveau des branches «Industries manufacturières» et «Bâtiments et Travaux publics», dont les contributions à la croissance sont de 0,2 point pour chacune. Quant à la branche «Electricité, gaz, vapeur et eau», elle a enregistré une contribution quasi nulle.
Approche par la dépense
L’évolution de la demande globale a été essentiellement tirée, en 2022, par l’absorption interne, grâce principalement au dynamisme des investissements privés.
La demande intérieure a enregistré en 2022 une progression moins vigoureuse qu’en 2021, soit un accroissement de 15,3% contre 22,8%. Ce ralentissement est imputable à la faible croissance des investissements, notamment privés. Globalement, la consommation finale s’est accrue de 4,8% en 2022 contre 5,9% une année auparavant, avec une contribution à la croissance de 3,7 points de pourcentage contre 4,5 points précédemment.
En effet, la consommation publique a soutenu la demande intérieure, avec une croissance de 22,2% et une contribution à la croissance de 1,5 point, en raison essentiellement des mesures prises par le Gouvernement relatives à l’expansion des dépenses courantes, dans un contexte d’accroissement des recettes publiques.
Quant à la consommation privée, elle a enregistré une hausse de 3,1% contre 4,5% l’année précédente, consécutive à l’évolution, bien que modérée, des revenus des ménages au cours de la période. Sa contribution à la croissance s’est établie à 2,2 points contre 3,2 points en 2021. Pour ce qui est des investissements, la formation brute de capital fixe (FBCF) a enregistré un ralentissement en volume de 27,7% venant d’une croissance de 50,0%, en liaison avec la dégringolade des investissements privés, lesquels ont faiblement progressé comparativement à l’année précédente, soit de 22,6% après 49,7% en 2021.
Le ralentissement des investissements en 2022 confirme la variation exceptionnelle observée en 2021, suite à l’effet de rattrapage post-covid de l’activité économique. Par contre, les investissements publics se sont améliorés de 105,7% en 2022 contre 54,7% en 2021, en relation notamment avec l’exécution de certains projets publics à l’échelle nationale.
Demande extérieure nette
Comparativement à 2021, la demande extérieure nette a vu son rythme de progression décélérer de 29,0% en 2022, en dépit de la bonne tenue des exportations totales de biens et services. Celles-ci ont connu un accroissement de 18,9% contre 8,2%, induisant une contribution à la croissance de 6,0 points contre 2,6 points. Cette évolution est consécutive notamment à la vigueur des activités extractives, lesquelles ont induit une hausse des exportations de produits miniers.
Par ailleurs, les importations des biens et services, quant à elles, se sont accrues de 24,9% en ralentissement par rapport à l’année précédente. Sa contribution à la croissance s’est portée à 19,4 points, suite essentiellement à l’accroissement des importations des biens, soit 28,0%, principalement des biens intermédiaires.
DESKECO