Le collectif des organisations de la société civile ayant participé à la table ronde organisée par la présidence de la République sur l'accord signé entre la RDC et le groupe Ventora de l'opérateur économique Dan Gertler, dénonce la signature d'un contrat léonin dans le secteur minier congolais.
Selon les informations de ce collectif, les Ministres des Mines et du Portefeuille ont procédé le 5 mai, à la signature d'un contrat "léonin", cédant de gré à gré à un inconnu dans le secteur des mines, la société canadienne AJN Resources appartenant au citoyen européen Klaus Peter ECKHOF, certains actifs miniers que la Présidence de la République a récupérés chez Ventora de Dan Gertler. Il s'agit du site minier d'or de Moku dans la Province du Haut-Uélé, les gisements d'or de la Sokimo et Ituri et Bas-Uélé dont ceux de Zani et Gada ainsi que le site minier de lithium de Manono qui doit appartenir à l'autralien AVZ.
Pour ce collectif, la signature de ce contrat viole le code minier révisé de 2018 en ne respectant pas la procédure d'appel d'offres.
"Ce contrat signé hier le 05 mai 2022 par Mme la ministre d'État en charge du Portefeuille, Adèle Kayinda, et Mme la ministre des Mines, Antoinette N'Samba viole systématiquement le Code minier révisé de 2018 en ne respectant pas la procédure d'appel d'offres, avant la signature ainsi que la durée légale des recherches minières par une entreprise", dénoncent ces ONG.
Ce collectif accuse certains membres du gouvernement de sabotage de la politique du Chef de l'Etat Félix Tshisekedi qui prend en compte l'amélioration de gouvernance et la lutte contre la corruption dans les ressources naturelles.
"Il est en contradiction avec la vision et la volonté du Chef de l'État Félix Tshisekedi pour l'amélioration de gouvernance et la lutte contre la corruption dans les ressources naturelles maintes fois exprimée publiquement. C'est une sorte de sabotage de la politique du Chef de l'Etat par certains membres du gouvernement comme on en voit dans le Dossier Gécamines contre TFM", peut-on lire dans leur déclaration.
Les organisations de la Société Civile membres du Collectif et autres voient dans ce contrat une prédation systématique d'une bonne partie des mines d'or et de lithium dans un deal qu'avaient déjà soupçonné la société ayant participé à la Table-Ronde sur l'Accord avec Ventora et à laquelle les experts de la Présidence de la République avaient la volonté du Chef de l'Etat de consulter désormais la Société Civile avant, pendant et après la signature des contrats dans les ressources naturelles.
Les signataires du communiqué rappellent qu'en 2020, la coalition "TOUS POUR LA RDC" et les élus du Haut-Uélé et Ituri avaient empêché la signature de ce contrat de bradage sous le gouvernement Ilunga Ilukamba en fournissant des éléments au Président de la République qui avait dessaisi le gouvernement dudit dossier.
Ainsi, ces ONG demandent au Chef de l'État, de bloquer la mise en application de ce contrat conclu avec l'inconnue canadienne AJN Resources "parce qu'il contredit tous ses efforts de bonne gouvernance dans le secteur minier et promesses de transparence faites par son Directeur de Cabinet Adjoint, André Wameso, lors de la Table-Ronde sur l'accord conclu avec le groupe Ventora".
Ces organisations ont promis d'adresser au cours de cette semaine un mémorandum détaillé au Président de la République et au Premier Ministre sur ce contrat qu'elles désapprouvent. Parmi les organisations signataires de ce communiqué, il y a : le cadre de concertation de la société du Lualaba, Casmia, Cern-Cenco, Espoir Ongd, Licoco, Odep, Pom, Recic, RND, TPMAC, TPRDC et Carbone Beni.
Jordan MAYENIKINI